mardi 29 juillet 2008

Le cas des mineurs non accompagnés

Société

Migration clandestine
Le cas des mineurs non accompagnés


Placer l’intérêt de l’enfant avant les exigences des politiques publics de lutte contre l’immigration clandestine


« La migration des mineurs n’est ni un phénomène récent, ni un phénomène isolé », c’est l’une des conclusions de l’intervention de Joaquin Eguren, au 1er colloque international organisé par le centre des études et de recherches sur la migration internationale et le développement durable (CERMID) qui s’est tenu les 09 et 10 juillet au centre Links de la faculté Hassan II des sciences juridiques, économiques et sociales.

En effet ajoute le professeur à l’université de Madrid, » les migrations des familles entières tout au long de l’histoire a occasionné la migration simultanée de nombreux enfants. Certains enfants accompagnent leurs parents dans le périple, d’autres migrent seuls. Ce dernier phénomène tend à prendre de l’ampleur depuis quelques années, phénomène désigné par l’expression mineurs non accompagnés ou mineurs séparés ». Le conférencier estime que la genèse de ce phénomène remonte à 1979 « au transit des mineurs non accompagnés Cambodgiens dans les pays voisins fuyant la guerre, avant de partir pour les pays susceptibles de les accueillir ». D’après M. Erguren, « ces enfants mineurs Cambodgiens se faisaient passer pour des enfants orphelins dans l’espoir d’être adoptés ou tout simplement accueilli par des familles occidentales ». Il ajoute que « les familles des ces mineurs, de leurs cotés, sont au courant de la stratégie de ces enfants près à tout pour joindre l’Eldorado que représente pour eux l’occident quand ils les encourageaient pas ». M. Erguren renchéri « les familles préfèraient laisser partir leurs enfants dans l’espoir qu’ils aient un avenir dans leurs pays d’accueil ».

La migration des enfants mineurs s’est développée dans les années 1990 « vu les possibilités offertes par l’union européenne à travers son arsenal juridique qui protège ces enfants mineurs non accompagnés » précise le professeur Joaquin Erguren. Toujours selon M.Erguren, « la problématique principale que rencontrent les chercheurs dans leurs travaux pour comprendre ce phénomène est le manque de statistiques fiables. On assiste à l’accroissement du nombre d’enfants mineurs non accompagnés ces dernières années en plus de tous ceux qui ne sont pas recensés. »

L’Espagne, l’Italie et le Royaume Uni sont les destinations préférées des mineurs non accompagnés. Ces pays se distinguent par contre par la nature de leurs intérêts aux yeux des candidats à l’immigration. Si l’Allemagne est prisée par les réfugiés politiques, l’Italie et l’Espagne sont plutôt les destinations chères aux émigrants économiques. Quant à la Belgique et l’hexagone, elles sont les priorités des candidats aux mariages. Les mineurs non accompagnés marocains vont majoritairement en Espagne vu la proximité géographique. M. Erguren trouve dans sa recherche que « les mineurs non accompagnés marocains sont entre 14 et 17 ans. Il y a ceux qui voyagent avec les parents puis se perdent dans la nature, ceux qui traversent le détroit en se cachant dans les voitures, camions, et bateaux ». La recherche du professeur montre aussi que ces enfants mineurs non accompagnés candidats à l’immigration sont issus majoritairement des familles difficiles et n’ont pas de projets définis. Généralement, ce sont des enfants qui habitent dans les quartiers à climats « favorisants l’immigration » ajoute t-on dans les conclusion de la recherche.

Si beaucoup de familles marocaines permettent à leurs enfants de sortir du territoire national en les considérants comme des adultes vu les lois tribales toujours en vigueur dans le Royaume. Ces mêmes familles ne mesurent pas, d’après le professeur Erguren « l’étendue du risque de perte d’identité au sein de ces enfants vu leurs vulnérabilités à ces âges là ». Le professeur préconise l’insertion de ces enfants Marocains mineurs non accompagnés en Espagne dans leurs communautés d’origines pour éviter des problèmes de leurs réinsertions à l’âge adulte.
Mme Naima BABA, chercheur à l’université Hassan II, a favorisé l’approche pluridisciplinaire dans le traitement du phénomène des enfants mineurs non accompagnés. Selon elle « il est déjà difficile de traiter cette catégorie car il s’agit bien de nos enfants ».
Au niveau national, « les associations sont réticentes quand à l’accueil des enfants mineurs non accompagnés ». Mme Baba fustige l’absence totale d’un observatoire national pour identifier, quantifier, et essayer de trouver des solutions à ce phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Comme son collègue espagnole, le jeune chercheur de l’université Hassan II de Casablanca soulève le problème de manque de statistiques fiables et donc l’obligation de se référer aux seuls registres d’entrées et de sorties du territoire de la police nationale.

Elle ajoute « si on se contente de l’approche juridique dans le traitement de ce phénomène combien important, on s’aperçoit vite des contradictions entre les droits des différents pays concernés par le phénomène ». Il y a en effet un fossé qui sépare les législations des pays émetteurs et des pays récepteurs d’enfants mineurs non accompagnés argue le jeune chercheur. Elle soulève, entre autre, l’important point d’identification de l’âge du candidat à l’immigration qui pose problème. Le conférencier estime qu’il y a urgence pour remodeler le texte 02-03 de la législation nationale pour inclure un statut des migrants mineurs. Enfin, la collaboration entre les services de police et ceux de justice dans les pays concernés par le phénomène est plus que souhaitable. Enfin, « la nécessaire révision des dispositions légales des conventions bilatérales (notamment dans le cas du Maroc et de son voisin espagnole) pour les harmoniser dans l’intérêt suprême de l’enfant.

Hors texte :
L’immigration clandestine ne se limite plus aux adultes. Elle séduit également bon nombre de mineurs. Ils étaient quelques 6300 enfants non accompagnés de toutes nationalités hébergés aux centres d’accueil d’Espagne en 2002 selon Joaquin Erguren. Ce chiffre a pris son envol pour atteindre le chiffre fatidique de 10000 en 2004. Cette « crue juvénile » selon M.Erguren est majoritairement composée de garçons. La majorité viennent de l’ex Europe de l’Est, après viennent les Africains et même Sud Américains. Les mineurs non accompagnés Marocains sont entre 14 et 17 ans. Il y a ceux qui voyagent avec les parents puis se perdent dans la nature, et ceux qui traversent le détroit en se cachant dans les voitures, camions, et bateaux. Ils sont majoritairement issus de familles difficiles, et n’ont pas de projets définis. Généralement, ces enfants candidats à l’immigration clandestine sont des garçons habitant les quartiers à climat favorisant l’immigration.

La répression seule ne suffira pas!

Société / Sécurité routière

La répression seule ne suffira pas !

10 millions de Dirhams/an pour la communication

«Cette situation est grave. Très grave, et nous l’a refusons », c’est avec ce panache digne d’un boxeur professionnel que Karim Ghellab, ministre de l’Equipement et des Transports a inauguré, Mercredi dernier la journée d’ouverture aux médias initiée par son ministère afin de présenter son plan de communication concernant la sécurité routière. Le ministre, qui est arrivé avec près d’une heure de retard sans même prendre la peine de s’excuser, renchéri en annonçant avec tact que « nous ne voulons pas d’un Maroc avec tous ces accidents de la route ». En effet, 10 personnes meurent chaque jour sur nos routes. 10% de ces morts ont entre 15 et 40 ans, ce qui affaibli considérablement les forces vives de notre nation. La perte pour l’économie nationale due aux accidents de la route est énorme : le coût de deux années d’accidents de la route au Royaume est équivalent à la valeur d’un port comme Tanger Méditerranée. Le Ministre a, d’autre part, insisté sur les responsabilités de chacun des acteurs concernés par ce phénomène dévastateur. La nécessité d’endiguer cette plaie est inscrite dans la nouvelle stratégie de 10 ans du gouvernement que M.Ghellab refuse de qualifiée de campagne.

Ce plan pensé sur une décade est réparti selon le ministre en trois principaux axes : la coordination entre les différents acteurs concernés par la sécurité routière, la mise en place des programmes précis de travail, et l’inscription de la démarche dans une durée contrairement à ce qui se faisait auparavant. Le coût de communication de l’opération est de 70 Millions de Dirhams. Conscient de l’importance que revêt la communication pour la mise en œuvre de la stratégie du gouvernement dans le domaine de la sécurité sociale, le Comité National de Prévention des accidents de la Circulation a élaboré un plan de communication globale multidimensionnel s’articulant autour des axes stratégiques suivants que nous explique son représentant M. Chraibi : « a) Sensibiliser les usagers de la route à travers deux types d’actions : ciblées visant des catégories bien définies et thématiques traitant les facteurs récurrents et aggravants des accidents de la circulation ;
b) Eduquer les jeunes usagers de la route, notamment les enfants dans les milieux scolaire et parascolaire, et veiller à la généralisation des espaces d’éducation routière à toutes les régions du Royaume ;
c) Vulgariser les nouveaux textes de loi et réglementation en lien avec la sécurité routière ;
d) valoriser les efforts fournis par les différents intervenants et impliquer davantage d’autres acteurs de la société civile dans la lutte contre l’insécurité routière ;
e) Développer l’expertise dans le domaine de la sécurité routière à travers des études scientifiques ciblées et le conseil technique au profit des acteurs concernées au niveau national et régional ».

Le ministre de l’équipement et du Transport est revenu sur le bilan de son ministère de ces dernières années. Il a notamment énuméré quelques points positifs et d’autres points négatifs dans son analyse. « Le nombre de morts sur les routes du Royaume en 2007 (3338 morts) a commencé à baisser par rapport au taux enregistré en 2003, soit 3379 morts » note t-il.
Il ajoute, non avec beaucoup de satisfaction « nous avons pu garder le taux constant pendant quelques années, et nous avons fait mieux en amorçant une baisse en 2007 ». « Les commissions de coordinations qui permettent la continuité comme le cas de la campagne du port de la ceinture de sécurité, le contrôle technique sont des mesures qui ont donné toutes satisfactions » selon le ministre. Dans le tableau négatif, »nous considérons le code de la route actuel comme dépassé, et ne répond pas aux exigences de l’heure comme la nécessité de plus de transparence dans les rapports des usagers et les forces de l’ordre, rendre l’alcool test faisable, et limiter le nombre d’heure de travail des transporteurs », souligne M. Ghellab.

La répression seule ne suffira pas. M. Chraibi, représentant du Comité National de la prévention des accidents de la route, pense qu’il faut « informer l’usager avant de le sanctionner ». Il ajoute que « la sensibilisation seule ne suffira pas non plus ; d’où la nécessité de coordination des différents acteurs concernés par la sécurité routière. Des campagnes futures de sensibilisations seront assurées par ses services dans cette « guerre » nationale contre les chauffards.

Hors Texte :

Accidents de circulation :
Aggravation des paramètres en 2007 et durant les cinq premiers mois de 2008

L’année 2007 a enregistré 58.924 accidents de la circulation qui ont causé la mort de 3.838 victimes, en augmentation de 2,24% par rapport à 2006, et la blessure de 89.264 personnes, dont 12.406 blessés graves.
La tendance à la hausse s’est confirmée durant les cinq premiers mois de l’année 2008. Le nombre d’accidents a augmenté de 13,69% et celui des tués de près de 14% par rapport à la même période de l’année dernière. Le nombre de blessés graves a enregistré également une hausse de 10.38%.
Globalement, on peut considérer que la stratégie de lutte contre l’insécurité routière est en mesure de donner des résultats, puisque l’objectif de stabilisation des nombres des tués est atteint. En effet, ce nombre en 2007, malgré l’augmentation enregistrée, reste inférieur à celui de 2003, année de référence pour la stratégie.

Les parents d'élèves de l'EAC se mobilisent

Société/Enseignement Privé

Incertitude sur la reconnaissance des diplômes de leurs enfants

Les parents d’élèves de l’école d’Architecture de Casablanca se mobilisent

Le temps des promesses et des belles paroles est décidément révolu. Les parents d’élèves de l’E.A.C (école d’architecture de Casablanca) ont décidé d’agir en cet après midi estivale sous un soleil de plomb. Pour faire la lumière sur le flou qui entoure les diplômes que vont avoir leurs enfants au terme des six ans de formation à l’E.A.C, les parents de ces derniers ont organisé un Sit-in devant l’école d’architecture. Ce rassemblement baptisé par les manifestants «l’heure de vérité» se veut un coup de poing envers la direction de l’école. M. Othmane Mernissi, le porte parole du collectif des parents d’élèves fustige l’attitude du directeur d’école « il a refusé de nous recevoir ; pire, il nous a laissé dehors sans même acquérir nos doléances». Et d’ajouter «Ce qu’on demande à la direction de l’école est seulement un engagement écrit nominatif qui nous garanti que les diplômes de nos enfants seront immédiatement reconnu par les pouvoirs publics». Avant de renchérir «la direction refuse même de nous donner les notes de nos enfants de cette année afin de les empêcher de joindre d’autres établissements de leurs choix».
Selon le représentant des parents d’élèves les responsable de l’E.A.C, les responsable de l’école d’architecture les ont induis en erreur avec «de la publicité mensongère qui nous a conduit à inscrire nos enfants dans cette école ». Les doutes concernant cette institution privée a commencé d’après M. Mernissi depuis la deuxième année de l’ouverture de l’école. En effet toujours selon l’interlocuteur, l’Ordre national des architectes refuse de reconnaitre toute autre école à part l’ENA. En effet, l’ordre des architectes est catégorique et on ne peu plus clair. Selon un communiqué, il informe le public que «la seule Ecole, au Maroc, habilitée à délivrer un enseignement de l’architecture et un diplôme d’architecte qui conduise à l’inscription au Tableau de l’Ordre et à l’exercice du métier d’architecte, est l’Ecole nationale d’architecture de Rabat».
Et d’ajouter : «Les étudiants et parents d’élèves qui souhaitent orienter leurs enfants vers des études d’architecture doivent s’informer correctement et prendre toutes les précautions nécessaires avant de s’engager dans des études coûteuses qui les mèneraient à terme vers l’impasse». Un communiqué encore plus proche d’une mise en garde. De quoi amplifier les craintes des parents d’élèves.

De son coté, le directeur de l’E.A.C regrette la méthode utilisée par les parents d’élèves «ce que je reproche à ces parents n’est pas le fait de défendre les intérêts de leurs enfants qui est tout a fait légitime, mais le tapage médiatique et leur maladresse devant un problème qu’on peut régler tranquillement». M. Bin abd jalil Abdelmoumen continue en affirmant «C’est (cette manifestation) toujours la même chose depuis l’ouverture de l’école». Et d’ajouter «j’ai déjà expliqué aux parents à maintes reprises que les diplômes de leurs enfants vont être soumis aux équivalences avec les diplômes de l’E.N.A au terme de leur 6ème et dernière année chez nous». En reconnaissant la nature légitime du combat des parents d’élèves, le directeur de l’E.A.C fait son Méa Culpa quant à une garantie de reconnaissance des diplômes des futurs lauréats. «Je ne peux pas garantir à l’avance quelque chose qui va prendre des procédures complexes impliquant plusieurs ministère : celui de l’habitat, de l’enseignement supérieur et l’agence El Omrane». L’attitude du barreau des architectes est incompréhensible pour M. Abdelmoumen «je ne trouve de réponse pour l’attitude du barreau que dans leur lutte acharné contre l’enseignement privé de la branche architecture».
Néanmoins, le premier responsable de l’E.A.C a noté des avancées dans ce dossier épineux qui dure depuis des années. «Nous avons déjà eu les confirmations des équivalences de la première et de la deuxième année».Avant d’ajouter «Je viens juste de recevoir un coup de fil du directeur de l’E.N.A qui m’informe de l’acceptation de l’équivalence de notre troisième année».Il est a noté que les informations concernant les équivalences acceptées des trois années de l’E.N.A ont été catégoriquement réfuté par les parents d’élèves.
Dans le soucis de clarté pour le grand public, nous avons contacté le directeur de l’Ecole Nationale d’architecture de Rabat qui nous a confirmé avoir accepté les équivalences des trois premières années de l’E.A.C. Monsieur Ben Saaid ajoute « Nous sommes chargés d’encadrer le cursus pédagogique de l’école casablancaise». Il ajoute « Nous envoyons une commission de contrôle composée de trois professeurs plus un directeur des études qui jugent la qualité de l’enseignement à l’E.A.C». Il conclu en disant « l’école nationale de Rabat ne peut pas accueillir tout le monde».

Hors texte :

La déontologie de notre métier de journaliste nous impose le souci de recueillir les avis de tous les protagonistes d’un conflit quelconque. Nous oeuvrons à informer le lecteur le plus objectivement possible. C’est la raison pour laquelle nous publions ci-après les raisons qui ont poussé l’ordre des architectes marocain à s’opposer à la privatisation de la profession d’architecte. Selon l’ordre, l’enseignement de l’architecture, comme celui de la médecine, de la pharmacie ou la médecine dentaire, par exemple, doit être un enseignement public, »libre de toute considération mercantile parce que l’architecte, le médecin, etc. ont une mission d’intérêt général dont l’enjeu représente l santé et la sécurité de millions de marocains. Et d’ajouter, «Le coût de l’obtention du diplôme d’architecte pour un étudiant serait de 500.000DH en 6 environ ! Ce qui signifie une sélection par l’argent au lieu d’une sélection par le mérite uniquement et donc l’exclusion, de fait, des enfants de familles modestes qui constituent l’essentiel de notre population». L’autre raison de ce refus est le fait que pour l’ordre des architectes la formation de l’architecte «doit être assurée par l’Etat parce que c’est un investissement rentable socialement et économiquement : tous les architectes formés sont rapidement absorbés par le marché du travail. Mieux encore la plupart fondent leur propre agence et créent des emplois (secrétaire, dessinateur, infographiste, etc.» L’ordre clarifie sa position en comparant l’enseignement de l’architecture chez nous avec ce qui se fait dans le vieux continent « même en Europe, il est de notoriété public que l’enseignement privé de l’architecture (quand il existe) n’égale pas celui de l’enseignement public». L’ordre renchéri en déclarant « Même dans les pays de l’ultralibéralisme, l’enseignement supérieur privé est actuellement mis en débat pour les raisons sociales, parce que les universités prestigieuses de ces pays sont accessibles, de fait, essentiellement aux étudiants issus de milieux aisés».