Société/Enseignement Privé
Incertitude sur la reconnaissance des diplômes de leurs enfants
Les parents d’élèves de l’école d’Architecture de Casablanca se mobilisent
Le temps des promesses et des belles paroles est décidément révolu. Les parents d’élèves de l’E.A.C (école d’architecture de Casablanca) ont décidé d’agir en cet après midi estivale sous un soleil de plomb. Pour faire la lumière sur le flou qui entoure les diplômes que vont avoir leurs enfants au terme des six ans de formation à l’E.A.C, les parents de ces derniers ont organisé un Sit-in devant l’école d’architecture. Ce rassemblement baptisé par les manifestants «l’heure de vérité» se veut un coup de poing envers la direction de l’école. M. Othmane Mernissi, le porte parole du collectif des parents d’élèves fustige l’attitude du directeur d’école « il a refusé de nous recevoir ; pire, il nous a laissé dehors sans même acquérir nos doléances». Et d’ajouter «Ce qu’on demande à la direction de l’école est seulement un engagement écrit nominatif qui nous garanti que les diplômes de nos enfants seront immédiatement reconnu par les pouvoirs publics». Avant de renchérir «la direction refuse même de nous donner les notes de nos enfants de cette année afin de les empêcher de joindre d’autres établissements de leurs choix».
Selon le représentant des parents d’élèves les responsable de l’E.A.C, les responsable de l’école d’architecture les ont induis en erreur avec «de la publicité mensongère qui nous a conduit à inscrire nos enfants dans cette école ». Les doutes concernant cette institution privée a commencé d’après M. Mernissi depuis la deuxième année de l’ouverture de l’école. En effet toujours selon l’interlocuteur, l’Ordre national des architectes refuse de reconnaitre toute autre école à part l’ENA. En effet, l’ordre des architectes est catégorique et on ne peu plus clair. Selon un communiqué, il informe le public que «la seule Ecole, au Maroc, habilitée à délivrer un enseignement de l’architecture et un diplôme d’architecte qui conduise à l’inscription au Tableau de l’Ordre et à l’exercice du métier d’architecte, est l’Ecole nationale d’architecture de Rabat».
Et d’ajouter : «Les étudiants et parents d’élèves qui souhaitent orienter leurs enfants vers des études d’architecture doivent s’informer correctement et prendre toutes les précautions nécessaires avant de s’engager dans des études coûteuses qui les mèneraient à terme vers l’impasse». Un communiqué encore plus proche d’une mise en garde. De quoi amplifier les craintes des parents d’élèves.
De son coté, le directeur de l’E.A.C regrette la méthode utilisée par les parents d’élèves «ce que je reproche à ces parents n’est pas le fait de défendre les intérêts de leurs enfants qui est tout a fait légitime, mais le tapage médiatique et leur maladresse devant un problème qu’on peut régler tranquillement». M. Bin abd jalil Abdelmoumen continue en affirmant «C’est (cette manifestation) toujours la même chose depuis l’ouverture de l’école». Et d’ajouter «j’ai déjà expliqué aux parents à maintes reprises que les diplômes de leurs enfants vont être soumis aux équivalences avec les diplômes de l’E.N.A au terme de leur 6ème et dernière année chez nous». En reconnaissant la nature légitime du combat des parents d’élèves, le directeur de l’E.A.C fait son Méa Culpa quant à une garantie de reconnaissance des diplômes des futurs lauréats. «Je ne peux pas garantir à l’avance quelque chose qui va prendre des procédures complexes impliquant plusieurs ministère : celui de l’habitat, de l’enseignement supérieur et l’agence El Omrane». L’attitude du barreau des architectes est incompréhensible pour M. Abdelmoumen «je ne trouve de réponse pour l’attitude du barreau que dans leur lutte acharné contre l’enseignement privé de la branche architecture».
Néanmoins, le premier responsable de l’E.A.C a noté des avancées dans ce dossier épineux qui dure depuis des années. «Nous avons déjà eu les confirmations des équivalences de la première et de la deuxième année».Avant d’ajouter «Je viens juste de recevoir un coup de fil du directeur de l’E.N.A qui m’informe de l’acceptation de l’équivalence de notre troisième année».Il est a noté que les informations concernant les équivalences acceptées des trois années de l’E.N.A ont été catégoriquement réfuté par les parents d’élèves.
Dans le soucis de clarté pour le grand public, nous avons contacté le directeur de l’Ecole Nationale d’architecture de Rabat qui nous a confirmé avoir accepté les équivalences des trois premières années de l’E.A.C. Monsieur Ben Saaid ajoute « Nous sommes chargés d’encadrer le cursus pédagogique de l’école casablancaise». Il ajoute « Nous envoyons une commission de contrôle composée de trois professeurs plus un directeur des études qui jugent la qualité de l’enseignement à l’E.A.C». Il conclu en disant « l’école nationale de Rabat ne peut pas accueillir tout le monde».
Hors texte :
La déontologie de notre métier de journaliste nous impose le souci de recueillir les avis de tous les protagonistes d’un conflit quelconque. Nous oeuvrons à informer le lecteur le plus objectivement possible. C’est la raison pour laquelle nous publions ci-après les raisons qui ont poussé l’ordre des architectes marocain à s’opposer à la privatisation de la profession d’architecte. Selon l’ordre, l’enseignement de l’architecture, comme celui de la médecine, de la pharmacie ou la médecine dentaire, par exemple, doit être un enseignement public, »libre de toute considération mercantile parce que l’architecte, le médecin, etc. ont une mission d’intérêt général dont l’enjeu représente l santé et la sécurité de millions de marocains. Et d’ajouter, «Le coût de l’obtention du diplôme d’architecte pour un étudiant serait de 500.000DH en 6 environ ! Ce qui signifie une sélection par l’argent au lieu d’une sélection par le mérite uniquement et donc l’exclusion, de fait, des enfants de familles modestes qui constituent l’essentiel de notre population». L’autre raison de ce refus est le fait que pour l’ordre des architectes la formation de l’architecte «doit être assurée par l’Etat parce que c’est un investissement rentable socialement et économiquement : tous les architectes formés sont rapidement absorbés par le marché du travail. Mieux encore la plupart fondent leur propre agence et créent des emplois (secrétaire, dessinateur, infographiste, etc.» L’ordre clarifie sa position en comparant l’enseignement de l’architecture chez nous avec ce qui se fait dans le vieux continent « même en Europe, il est de notoriété public que l’enseignement privé de l’architecture (quand il existe) n’égale pas celui de l’enseignement public». L’ordre renchéri en déclarant « Même dans les pays de l’ultralibéralisme, l’enseignement supérieur privé est actuellement mis en débat pour les raisons sociales, parce que les universités prestigieuses de ces pays sont accessibles, de fait, essentiellement aux étudiants issus de milieux aisés».
mardi 29 juillet 2008
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