lundi 8 décembre 2008

Les origines de Taâchurt (l'Achoura) dans Tamazgha


Selon le plus grand sociologue et fondateur del’Histoire, le nord-africain Ibn Khaldoune, lesImazighen d’Afrique du Nord avaient apostasié douzefois entre le 6ième siècle et le 14ième siècle !C’était une forme de résistance contre la colonisationarabo-islamiste de l’Afrique du Nord.On sait aussi que l’un des tout premier mouvementsouverainiste Nord Africain était celui des Kharéjites(càd Hors la Loi) qui avait fondé au 8ième siècle unroyaume ayant pour capitale Tahert , et qui avaienttraduit le coran en berbère. Les Kharédjites avaientcoupé les ponts avec le Khalifat Oméïade et fondèrentle premier état algérien véritablement national. LesIbadites dont les descendants aujourd’hui sont lesMozabites (Algérie), les Djerbiens (Tunisie) et lesNefoussiens (Libye) formaient la branche la pluspuissante du Kharédjisme. La ville de Tihert, fondépar le chef Ibadite Ibn Rostum, en 791 était située àneuf kilomètres de l’actuelle Tiaret. Au Maroc, les Miknasa (branche des Kharédjites)avaient fondé, en 757, le royaume de Sidjilmassa , àl’orée du désert, maître des oasis et des routescaravanières vers le Soudan (actuel Mali). LesBerghawata, qui avaient participé aux expéditionsguerrieres de leur chef Maïsara contre les gouverneursoméïades de Tanger, eurent pour chef militaire etguise un certain Salih.Après le kharédjites, les Kétama de Bougie prennent lerelais dans cette résistance de Tamazgha au roulotcompresseur des arabo-islamistes (perçus comme devéritables colonisateurs). Pour ce faire, lesImazighen Kétama vont sympatiser avec les Perseschiites, et vont conquérir toute l’Afrique du Nord etl’Égypte, et créer pour un descendant d’Ali l’empirefatimide. En effet, pour les shiites, aucun dessuccesseurs de Mohammed ne fut un Khalife légitime,seuls Ali et ses descendants, fils de Fatima, sont leschefs héréditaires de la communauté islamique.C’est la tyrannie des Khalifes Oméïades et Abbassides,se comportant en colonisateurs à l’égard desnon-arabes, qui va rapprocher les Perses et lesImazighen. Les shiites Perses dépêchent à Tamazgha unexcellent stratège du nom Abou Abd Allah en 893. Cethomme réussit à convaincre les Kétama de lasupériorité de la doctrine chiite, et à faire duvillage Ikjan (dans les Babors) une forteresseinexpugnable du chiisme. Les Kétama, subjugués, sontgroupés en une solide armée qui lui est dévouée corpset âme. C’est ainsi qu’ils fondèrent la dynastiefatimide (3ième Khalifat panislamique après celui desOmeyyades et des Abbassides) qui s’étendait jusqu’enÉgypte. L’université d’El Azhar au Caire est une deleurs créations. Par la suite, deux autres empires Amazighs vont sesuccèder dans Tamazgha du 10ième au 14ième siècle :Les Almoravides et les Almohades. Les Almohades vontréaliser l’apogée à la fois de l’histoire et de lapensée de ce temps et faire de Cordoue la capitale dumonde.On sait maintenant que ce sont les Kabyles (lesKetama) qui furent à l’origine de la création du 3ièmeKhalifat musulman : le Khalifat Fatimide. En effet,les Imazighen d’Afrique du Nord se sont alliés versl’an 900 aux shiites Perses pour mettre fin à cettetyrannie arabe des Khalifes abbasside de Baghdad etOmeiyade de Damas. Ibn Khaldoun écrit "...Quand lesFatimides furent parvenus à établir leur domination enIfrikia, Ziri (fils de Menad, gouverneur de Tamazghasous l’autorité Abbasside) passa de leur cöté à causedes liens de clientèle qui attachaient sa famille àcelle d’Ali Ibn Abi Taleb, et, dès lors, il se montraun de leurs partisans les plus dévoués...". Ziridevint chef des Sanhadja et bâtit la ville d’Achir surle flanc de la montagne du Titeri. Il reçut lecommandement de la ville d’Achir et de la province deTahert. Ibn Khaldoun écrit :"...Quelques temps après,Ziri autorisa son fils Bologguin à fonder troisvilles, l’une sur le bord de la mer et appeléeDjazaïr-Beni-Mezghanna (les îles des enfants deMezghanna), et l’autre sur la rive orientale du Chélifet appelée Miliana ; la troisième porta le nom deLemdia (Médéa). Bologguin fut investi par son père dugouvernement de ces trois places, qui sont encoreaujourd’hui (à l’époque de Khaldun) les villes lesplus importantes de Tamazgha centrale. Ziri perdit lavie en juillet 971 dans un combat qui opposait lesFatimides aux Maghraoua (des partisans des Oméïadesd’Espagne). Son fils Bologguin lui succèda et réussità assoir son autorité sur toute Tamazgha et à fairedisparaître la domination des Oméïades.Après avoir établi leur autorité sur toute l’Afriquedu Nord, les Ketama s’emparent de la Sicile etconquirent l’Égypte pour établir leur capitale auCaire en 973. Ils laissent le gouvernement de Tamazgha(Afrique du Nord) à leur lieutenant Bologguin, fils deZiri, fils de Menad. Bologguin mourut en mai 984 , àOuarekcen, localité située entre Sidjilmessa etTlemcen, pendant qu’il rentrait d’une longueexpédition.En 1045, les Zirides rejetèrent l’autorité du KhalifatFatimide et proclamèrent la souveraineté de Tamazghaavec un retour à l’orthodoxie sunnite. Gabriel Campsécrit "...Pour punir cette sécession, le Khalifefatimide "donna" Tamazgha aux tribus arabes, tropturbulentes, qui avaient été cantonnées dans le Saïs,à l’est du Nil, en Haute Egypte. Ces tribus, Djochem,Atbej, Zoghba, Riyah, Rebia et Adi, se rattachaient àun ancètre commun, Hilal, d’où le nom de l’invasionhilalienne ; les Beni Hilal, bientôt suivis des BeniSolaïm et des Beni Mâqil, pénètrent en Tamazgha vers1051...". Ibn Khaldoun avait dépeint ces Arabesbédouins comme une armée de sauterelles détruisanttout sur son passage. En tout leur arrivée devaittransformer radicalement le visage de Tamazgha etl’arabiser en grande partie. C’est de cette époque du Khalifat Fatimide que nousvient la célébration, jusqu’à maintenant, de l’Achoura(taâchurt)d’un bout à l’autre de Tamazgha. Dans lespays shiites, le 10 Moharram commémore l’anniversairede la bataille de Kerbala en l’an 60 de l’Hégire (680de notre ère) au cours de laquelle tomba Sidnal-Hocein fils de Sidna Ali Abu Thaleb et petit-fils duProphète. La veille est marquée par le jeûne desascètes shiites et le jour de l’achoura est un jour dedeuil pour la shiaâ. Ce dernier élement est de trèsloin celui qui contribue le le plus à donner à cettefête, dans les populations rurales de Tamazgha, uncaractère de gravité, inchangé depuis les Fatimides.

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