lundi 8 décembre 2008

Université : l'échec de la réforme


Voilà déjà quelques années que l'université marocaine est passée au système LMD (Licence – Master - Doctorat) escamoté et non doté de moyens nécessaires : il s'agit de la mise en conformité avec les diplômes européens ; ce qui est censé faciliter la vie à des milliers d’étudiants marocains voulant étudier en Europe, qui n’auront plus à se soucier des problèmes d’équivalence et de reconnaissance de leurs diplômes. Tout se serait donc bien passé comme l'ont laissé croire les médias et les assises organisées par le ministre de l'époque. Par un coup de baguette magique, l'université marocaine est mise sur le rail du LMD sans dommages et heurts, et cela à budget constant de 42 milliards de Dirhams, ce qui relève d'une vraie utopie. Pourtant, à y regarder de l'intérieur, ce constat ne traduit pas la réalité, le LMD n’a rien changé, ni sur le plan des disciplines ni sur le mode de gestion; ni même sur les effectifs en ressources humaines et financières pour mener à bien et dans de bonnes conditions une réforme : le changement dans la stabilité.

La vraie réforme de l’université marocaine passera nécessairement par :

- Son autonomie pour la mettre en conformité avec les exigences de la transition démocratique et former les compétences destinées à évoluer dans une économie de marché,

-La Suppression de la tutelle de l’enseignement supérieur, qui ne pourra plus interférer dans la gestion de l’université. A l’avenir, les missions du ministère consisteront à planifier à moyen terme la politique de l’enseignement supérieur et de la recherche, l’obtention des ressources financières en rapport avec les objectifs préalablement définis, et la réalisation des infrastructures,

-La création d’académies universitaires régionales qui constitueront l’interface entre les pouvoirs publics et les universités à l’échelon régional. Il s’agira d’une structure administrative déconcentrée émanant du ministère, mais sans pouvoir de tutelle, et enfin

-La révision des programmes qui sera engagée dans chaque université. Il s’agira d’abord d’adapter les enseignements à l’évolution scientifique et technique, aux nécessités de l’économie de marché et aux besoins des entreprises, l’établissement de l’enseignement des langues étrangères sans exclusive, mais avec une priorité pour les langues ayant des liens historiques, politiques et économique avec le Maroc (Tamazight, arabe, et le Français).

mercredi 16 mai 2007

Les beaux jours de la Prostitution


La Prostitution est, avant tout, fille de la cohabitation d’un très grand nombre de femmes en proie à la misère et d’un certain nombre d’hommes riches et amateurs de plaisirs tarifés. Ces deux catégories existent au Maroc. Si on veut comprendre la genèse et l’extension de la prostitution, il faut découvrir les principales raisons de ces deux phénomènes.

En premier lieu, la croissance démographique excessive : en 50 ans, la population a plus que triplé pendant que la production par tête a moins progressé et même reculé dans certains domaines. Alors qu’une vigoureuse politique de limitation des naissances était indispensable, on a laissé les citoyens continuer à croire qu’à chaque enfant venu au monde Dieu crée sa part de nourriture. Les Chinois bénéficient de 15 jours de congé annuel, les Européens de 30 jours, les Marocains de 60 jours, soit un mois de congé officiel et un mois de ramadan pendant lequel la production, déjà faible pendant les dix autres mois, tombe presque à Zéro. On s’étonnera alors de manquer de logements, de routes, de nourriture.

Croyant répondre aux aspirations profondes du peuple, les gouvernants ont arabisé l’enseignement. Pas celui des enfants des « bonnes familles » (on les scolarise en Europe) mais celui des indigènes. Résultat, les immenses déchets scolaires, y compris à la sortie des universités, c’est à dire une armée terroriste de réserve pour paraphraser Marx. Les Marocains se retrouvent devant une double impasse : d’une part, formés en arabe jusqu’au bac, ils ont du mal à poursuivre des études supérieures scientifiques qui, elles sont en français ; d’autre part, avec un diplôme arabe, ils demandent des emplois à des entreprises industrielles, commerciales ou à des institutions financières qui toutes travaillent en français. Alors, elles refusent de les recruter. Même ceux qui trouvent du travail fournissent des prestations médiocres car l’arabisation ne les a pas formés à la précision et à l’efficacité. Un grand nombre de diplômés vont grossir en Europe la masse des sans papiers. Tel ingénieur du bâtiment formé au Maroc finira comme garçon de gargote à Belleville. Tel licencié en sciences économiques se fera gardien de voitures ou marchand de cigarettes à l’unité à Casablanca.

Il reste les effets désastreux du système politique : 50 ans de corruption qui a déresponsabilisé les citoyens et enrichi une minorité de décideurs. Une agriculture détruite par la démagogie des nouveaux technocrates au profit d’un tourisme sexuel qui n’a pas encore fini de dévoiler tous ses secrets.

Et la prostitution, que vient-elle faire dans tout ça ? Les chômeurs et la masse des travailleurs salariés ne fréquentent ni les boîtes de nuit ni les hôtels de passe. Ils ne peuvent pas boire de la Heineken à 60 dirhams la bouteille et encore moins du whisky à 150 dirhams le verre ou s’offrir une prostituée à 600 dirhams la nuit. Les clients des prostituées sont assez riches pour se marier ou louer ou acheter un logement. Ce n’est pas une question de morale, c’est la conséquence d’un système qui institue l’enrichissement par la spéculation et la corruption avec la participation active d’individus qui en profitent sans retenue. Aux gens du peuple qui n’ont pas assez d’argent pour se loger et se marier, il ne reste que l’homosexualité, la zoophilie, l’onanisme ou l’exil.

Voilà un bilan bien triste, dira-t-on. Je ne noircis pas le tableau, mais il y a un autre phénomène qui vient se greffé à cette « jingle sexuel » déjà bien danse : la prostitution masculine. C’est un phénomène urbain qui prend de plus en plus d’envergure dans les grandes villes du Royaume (Casablanca, Marrakech, Rabat…). Aujourd’hui, des jeunes adolescents, moins jeunes, homosexuels convaincus ou candidats hétérosexuels aguerris n’hésitent plus à emprunter les artères de nos villes au vu et au su de tout le monde. Ils se permettent même, parfois, d’être agressifs dans leurs sollicitations et en criant haut et fort qu’ils font ça pour gagner leur pain.

La solution ? Sortir du sous développement. Le gouvernement marocain ne consentira jamais à la limitation des naissances ni à ses deux mois de congé par an. Il n’est pas prêt non plus à renoncer à l’arabisation. Je ne vois pas non plus quel gouvernement réprimera sans pitié la corruption. Seul un développement basé sur des activités de production et des comportements citoyens permettra de réduire tous les maux sociaux. Alors, le plus vieux métier du monde deviendra un phénomène marginal.

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