mercredi 27 août 2008

Derb Milan, marché des dattes

Société/ Marché des dattes

Les dattes, l’invité indispensable du mois de Ramadan

La production nationale ne suffit pas !

Mohand Mellal*

Une virée rapide du côté du célèbre quartier Derb Milan, sis à Derb Sultan, la désormais mécque des dattes à Casablanca est suffisante pour nous rendre compte que la production nationale de ce fruit indispensable durant le mois sacré du Ramadan est insuffisante. En effet, le royaume importe des dattes d’un peu partout à travers le monde et même des contrées assez lointaines que les Emirats Arabes Unis, l’Irak, et même du Chili où nous achetons du raisin sec aussi indispensable durant ce mois sacré. Il ne demeure pas moins que l’essentiel de nos importations de ce must du mois de jeûne nous provient du pays des deux fleuves du Tigre et l’Euphrate et parmi les productions des célèbres et incontournables Deglet Nour maghrébines, ambassadrices de charme de nos voisins Algériens et Tunisiens.
Tout le monde ne se réjoui pas de cette frénésie marocaine vers l’importation de cette denrée qu’on peut largement et facilement se la procuré dans nos Feddanes (terme utilisé pour nommer les lots de terrains réservés à la culture de dattes chez nous). C’est le cas de Mohamed Benhmida, importateur originaire de Zagora «je trouve ça malheureux que nous continuions à importer des dattes de mauvaises qualités de l’Irak pour doper le marché». Et d’ajouter «Nous ferons mieux d’avoir une politique claire envers nos producteurs de dattes en les soutenant dans ces périodes de sécheresse auxquels ils font face seuls et impuissants». Le cri de Mohamed est un peu plus clair quand il déclare «les pouvoirs publics n’aident que les grands exploitants ; eux, qui ont déjà les moyens de contrecarrer la conjoncture difficile de cette dernière décennie». Et de souligner «Ce sont les petites exploitations qui ont besoin de l’aide de l’Etat car elles représentent l’essentiel de la production nationale qui peine en la comparant à ses voisins maghrébins qui sont beaucoup plus avancé en la matière».
La production nationale justement est difficilement perceptible devant ce choix de dattes étrangères de tous les calibres et marques aussi prestigieuses les unes que les autres. De l’autre coté, les dattes marocaines se retrouvent devant une concurrence, le moins que l’on puisse dire, déloyale devant ses consoeurs étrangères qui bénéficient des subventions de toutes sortes. La visite du marché permet aussi une immersion dans la vie des marchands de dattes venus des régions de Zagora, Errachidia, Ouarzazate, Tata et Figuig. Sur place, des étalages de dattes colorent l'entrée des magasins : Madjhoul (doté d’un noyau très fin et représentent les dattes les plus chers et de meilleurs qualité du marché), Jihl, Sayyer, Boufgous, Bouslikhène.etc. Nous ne pouvons pas faire un pas dans le marché sans qu’un vendeur nous sollicite en nous faisant l’éloge de sa marchandise «Notre marchandise arrive directement de Zagora sans escale» nous dit Hamid Irgui, un quinquagénaire originaire de la fameuse Oasis du Sud. Et d’ajouter «Nos récoltes ne disposent pas d’aucun produit chimique ou additif».Il poursuit, non sans un brun perceptible de fierté «Nous avons, sans exagéré, les meilleurs dattes du Pays». Dans le soucis de se distinguer un peu des concurrents sur place, Hamid Irgui ne manque pas d’argument pour faire valoir la qualité de ses stocks «Contrairement aux autres, nous nous écoulons les dattes de la récolte de cette année, 2008».
Les clients sont sensibles au « discours » de notre maître vendeur, et l’un deux n’a pas hésité de lui couper la parole «Elles sont combien ces dattes Jihl de Zagora par exemple ?» sûr de lui, «24DH» rétorque le vendeur. Sans aucune géne, l’acheteur potentiel lui répond «C’est un peu cher ça !». Hamid Irgui, le commerçant perd un peu son sang froid et se lance de nouveau dans un monologue sans fin «Je ne comprend pas les gens qui font ce genres de remarques sur les prix en ignorant tout sur la chaîne de production». Et d’ajouter «Ça se voit que ces gens ne sont pas au courant de toutes les charges que nous payons pour leur apporter les dattes de qualité». Notre vendeur ne s’arrête pas là «Les clients ne se posent jamais de questions sur l'itinéraire parcouru ni les frais engagés pour l'approvisionnement du marché». Continuant sur sa lancée «Avant d'être ici avec mes dattes, j'ai fait tous les souks de la région de Zagora, d'Agdz et de Ouarzazate pour acheter les dattes qui sont souvent payées au prix fort en fonction des variétés. Cette opération durait des semaines, voire même des mois». Pour ce qui des préparatifs pour le Ramadan 2008, Hamid Irgui explique «Cette année mon frère et moi avons commencé à nous préparer pour le Ramadan depuis la fin du mois de Mars. Nous avons sollicité toutes les personnes qui avaient les meilleures variétés parce qu'on savait que les clients marocains exigent de la qualité. Ensuite, nous avons stocké tous les achats en attendant l'approche du Ramadan. Vingt jours avant le début du mois sacré, j'ai effectué le départ vers Casablanca en compagnie d'autres marchands. Nous avons loué ensemble un camion moyennant 3 DH le kg transporté.

Hors texte :

Les dattes d’Irak volent la vedette

Le commun des mortels connaissant le relief et la météo du Maroc serait sidéré de savoir que les dattes Irakienne sont les plus prisés au marché des dattes de Casablanca au détriment de la production nationale. En effet, les dattes du pays du Tigre et l’Euphrate, que la plupart des spécialistes jugent de mauvaise qualité, s’arrachent contre la modique somme de 14 DH le Kilogramme contre 20 DH/Kg aux dattes égyptiennes. Les dattes Tunisiennes sont léguées contre 26 DH/kilogramme ; il faut un dirham de plus si nous voulons nous offrir les succulentes dattes Saoudiennes. Les fameuses Deglet Nour Tunisiennes et Algériennes sont respectueusement vendues à 26 DH et 32 DH. Les dattes de chez nous s’écoulent entre 20 Dh et 30 DH. L’insuffisance de la production nationale de dattes peut s’expliquer par différents facteurs comme nous l’indique Abdessamad Rifai, originaire de Risani et producteur «Nous avons connu une période de sécheresse sans précédant cette dernière décennie». Et d’ajouter «Nous n’avons pas reçu aucune aide des pouvoirs publiques malgré nos multitudes doléances». M. Rafai lance un cri d’alarme «Cette filière des dattes va connaître plus de difficultés les années à venir si rien n’est fait de la part de l’Etat pour la sauver de cette agonie insupportable». Avant de rajouter «Nous nous rencontrons tellement de problèmes qu’il y a des gens qui volent des palmiers pour les plantés dans les complexes touristiques pour servir de décoration». M. Rifai términe en disant «Notre pouvoir d’achat est tellement faible que les dattes sont devenues un produit de luxe». Il est à noter enfin que 4 tonnes de dattes provenant de Tafilalt et 8 tonnes de Zagora s’écoulent chaque semaine sur le grand marché de Casablanca de dattes plus connu sous le nom de Derb Milan.


* Journaliste stagiaire

lundi 25 août 2008

Les Origines de l'Achoura

Les origines de l’Achoura au Maghreb

Selon le plus grand sociologue et fondateur de l’Histoire, le nord-africain Ibn Khaldoune, lesImazighen d’Afrique du Nord avaient apostasié douzefois entre le 6ième siècle et le 14ième siècle !C’était une forme de résistance contre la colonisationarabo-islamiste de l’Afrique du Nord.On sait aussi que l’un des tout premier mouvementsouverainiste Nord Africain était celui des Kharéjites(càd Hors la Loi) qui avait fondé au 8ième siècle unroyaume ayant pour capitale Tahert , et qui avaienttraduit le coran en berbère. Les Kharédjites avaientcoupé les ponts avec le Khalifat Oméïade et fondèrentle premier état algérien véritablement national. LesIbadites dont les descendants aujourd’hui sont lesMozabites (Algérie), les Djerbiens (Tunisie) et lesNefoussiens (Libye) formaient la branche la pluspuissante du Kharédjisme. La ville de Tihert, fondépar le chef Ibadite Ibn Rostum, en 791 était située àneuf kilomètres de l’actuelle Tiaret. Au Maroc, les Miknasa (branche des Kharédjites)avaient fondé, en 757, le royaume de Sidjilmassa , àl’orée du désert, maître des oasis et des routescaravanières vers le Soudan (actuel Mali). LesBerghawata, qui avaient participé aux expéditionsguerrieres de leur chef Maïsara contre les gouverneursoméïades de Tanger, eurent pour chef militaire etguise un certain Salih.Après le kharédjites, les Kétama de Bougie prennent lerelais dans cette résistance de Tamazgha au roulotcompresseur des arabo-islamistes (perçus comme devéritables colonisateurs). Pour ce faire, lesImazighen Kétama vont sympatiser avec les Perseschiites, et vont conquérir toute l’Afrique du Nord etl’Égypte, et créer pour un descendant d’Ali l’empirefatimide. En effet, pour les shiites, aucun dessuccesseurs de Mohammed ne fut un Khalife légitime,seuls Ali et ses descendants, fils de Fatima, sont leschefs héréditaires de la communauté islamique.C’est la tyrannie des Khalifes Oméïades et Abbassides,se comportant en colonisateurs à l’égard desnon-arabes, qui va rapprocher les Perses et lesImazighen. Les shiites Perses dépêchent à Tamazgha unexcellent stratège du nom Abou Abd Allah en 893. Cethomme réussit à convaincre les Kétama de lasupériorité de la doctrine chiite, et à faire duvillage Ikjan (dans les Babors) une forteresseinexpugnable du chiisme. Les Kétama, subjugués, sontgroupés en une solide armée qui lui est dévouée corpset âme. C’est ainsi qu’ils fondèrent la dynastiefatimide (3ième Khalifat panislamique après celui desOmeyyades et des Abbassides) qui s’étendait jusqu’enÉgypte. L’université d’El Azhar au Caire est une deleurs créations. Par la suite, deux autres empires Amazighs vont sesuccèder dans Tamazgha du 10ième au 14ième siècle :Les Almoravides et les Almohades. Les Almohades vontréaliser l’apogée à la fois de l’histoire et de lapensée de ce temps et faire de Cordoue la capitale dumonde.On sait maintenant que ce sont les Kabyles (lesKetama) qui furent à l’origine de la création du 3ièmeKhalifat musulman : le Khalifat Fatimide. En effet,les Imazighen d’Afrique du Nord se sont alliés versl’an 900 aux shiites Perses pour mettre fin à cettetyrannie arabe des Khalifes abbasside de Baghdad etOmeiyade de Damas. Ibn Khaldoun écrit "...Quand lesFatimides furent parvenus à établir leur domination enIfrikia, Ziri (fils de Menad, gouverneur de Tamazghasous l’autorité Abbasside) passa de leur cöté à causedes liens de clientèle qui attachaient sa famille àcelle d’Ali Ibn Abi Taleb, et, dès lors, il se montraun de leurs partisans les plus dévoués...". Ziridevint chef des Sanhadja et bâtit la ville d’Achir surle flanc de la montagne du Titeri. Il reçut lecommandement de la ville d’Achir et de la province deTahert. Ibn Khaldoun écrit :"...Quelques temps après,Ziri autorisa son fils Bologguin à fonder troisvilles, l’une sur le bord de la mer et appeléeDjazaïr-Beni-Mezghanna (les îles des enfants deMezghanna), et l’autre sur la rive orientale du Chélifet appelée Miliana ; la troisième porta le nom deLemdia (Médéa). Bologguin fut investi par son père dugouvernement de ces trois places, qui sont encoreaujourd’hui (à l’époque de Khaldun) les villes lesplus importantes de Tamazgha centrale. Ziri perdit lavie en juillet 971 dans un combat qui opposait lesFatimides aux Maghraoua (des partisans des Oméïadesd’Espagne). Son fils Bologguin lui succèda et réussità assoir son autorité sur toute Tamazgha et à fairedisparaître la domination des Oméïades.Après avoir établi leur autorité sur toute l’Afriquedu Nord, les Ketama s’emparent de la Sicile etconquirent l’Égypte pour établir leur capitale auCaire en 973. Ils laissent le gouvernement de Tamazgha(Afrique du Nord) à leur lieutenant Bologguin, fils deZiri, fils de Menad. Bologguin mourut en mai 984 , àOuarekcen, localité située entre Sidjilmessa etTlemcen, pendant qu’il rentrait d’une longueexpédition.En 1045, les Zirides rejetèrent l’autorité du KhalifatFatimide et proclamèrent la souveraineté de Tamazghaavec un retour à l’orthodoxie sunnite. Gabriel Campsécrit "...Pour punir cette sécession, le Khalifefatimide "donna" Tamazgha aux tribus arabes, tropturbulentes, qui avaient été cantonnées dans le Saïs,à l’est du Nil, en Haute Egypte. Ces tribus, Djochem,Atbej, Zoghba, Riyah, Rebia et Adi, se rattachaient àun ancètre commun, Hilal, d’où le nom de l’invasionhilalienne ; les Beni Hilal, bientôt suivis des BeniSolaïm et des Beni Mâqil, pénètrent en Tamazgha vers1051...". Ibn Khaldoun avait dépeint ces Arabesbédouins comme une armée de sauterelles détruisanttout sur son passage. En tout leur arrivée devaittransformer radicalement le visage de Tamazgha etl’arabiser en grande partie. C’est de cette époque du Khalifat Fatimide que nousvient la célébration, jusqu’à maintenant, de l’Achoura(taâchurt)d’un bout à l’autre de Tamazgha. Dans lespays shiites, le 10 Moharram commémore l’anniversairede la bataille de Kerbala en l’an 60 de l’Hégire (680de notre ère) au cours de laquelle tomba Sidnal-Hocein fils de Sidna Ali Abu Thaleb et petit-fils duProphète. La veille est marquée par le jeûne desascètes shiites et le jour de l’achoura est un jour dedeuil pour la shiaâ. Ce dernier élement est de trèsloin celui qui contribue le le plus à donner à cettefête, dans les populations rurales de Tamazgha, uncaractère de gravité, inchangé depuis les Fatimides.

Nul n'est prophète dans son pays

Société/MRE

Séjours des MRE au Maroc : Attentes et revendications

Nul n’est prophète dans son pays

Nous les appelons les MRE, les RME, les « zmégra », les quelques trois millions de citoyens résidents à l’étranger ont, à tout moment, le pays dans leurs cœurs et n’hésitent pas un instant quant à leur destination de vacances : le Bled ! «Nous nous posons même pas la question concernant le lieu de nos vacances d’été, c’est l’appel du pays qui nous guide», affirme Noura, une femme MRE à Pantin, en banlieue Parisienne. Les attentes de nos RME sont, certainement, grandes pour passer des vacances agréables chez eux. Mais, la question qui se pose ; peuvent ils prétendre à leurs rêves ? Leurs pouvoirs d’achats est-il en mesure de leurs offrir la détente tant attendu ?
La femme de famille de 4 enfants ne cache pas sa déception en abordant les manques d’infrastructure de base, et de sécurité dans nos villes. Tout comme la plupart de ses compatriotes vivant hors du pays, Noura pense que « les endroits paisibles, propres, et à notre portée sont rares et chers. Les hôtels de luxe et les sites touristiques sont toujours pleins à craquer. Et il ne nous reste que les plages et les piscines qui sont envahies par les lèves tôt». Ces opinions ne vont certainement pas plaire à nos responsables touristiques qui ne lésinent pas sur les moyens, à longueur d’année, en utilisant les dirhams du contribuable pour justement faire la promotion de notre secteur touristique et la destination Maroc.
Malgré les efforts consentis par les pouvoirs publics, le constat est là : «Je trouve ça indécent que nos responsables comptent chaque année sur nos devises péniblement gagnés sans aucune contrepartie». Renhèri Nouara. Nos voisins du palier et d’autres touristes européens ont des avantages et des privilèges que nous n’avons pas en venant au Maroc. Déplore le Khalid, le mari de Noura. Hamid, un MRE résident à Bologne, en Italie lui emboîte le pas «Pour les touristes Italiens visitant le royaume, qui passent deux à trois semaines de vacances dans un complexe touristique à Marrakech, Agadir, ou Ouarzazate, dans le cadre d’un voyage organisé, leurs factures ne dépassent rarement les cinq mille dirhams. Un tout autre Marocain, MRE ou pas, dans les mêmes conditions et pour les mêmes services, aura à débourser au moins trois fois plus cher que le touriste étranger». Malheureusement, cet état de faits est vérifier sur le terrain puisque la plupart des étrangers bénéficient de divers offres des agences de voyages auxquelles les nationaux n’ont pas accès dans le cadre de la grande politique nationale encourageant le secteur touristique et la vision Royale 2015. » Même pour les très intéressants rabais des compagnies low cost du et vers le Maroc, ces mêmes compagnies chartes ont un partie flagrant pour les passagers européens. « Pour nous, c’est toujours plein ! », déclare Moha, un MRE résident à Bruxelles.
Nul n’est prophète dans son pays, dit le proverbe. Cet adage populaire est plus qu’une réalité dans le cas des RME ; eux qui ne sont jamais avars quant il s’agit de dépenser leurs devises dans leur pays. De leur coté, les responsables du tourisme national minimisent les craintes de nos compatriotes vivants à l’étranger. « Nos clients sont traités de la même façon, qu’ils soient nationaux ou étrangers», affirme Hacène, gérant d’une agence de voyage sur une grande artère de Casablanca. Et d’ajouter : «Durant la période estivale, il est très difficile de satisfaire tout les vacanciers. Les clients sont très nombreux à solliciter nos services, et souvent leur nombre est très supérieur à nos capacités d’accueil». Néanmoins, Hacène ne cache pas l’amère réalité du quotidien de nos MRE chez eux « maintenant, je n’exclus pas qu’il y a des MRE mécontents pour refus de service de l’un des employés. Il faut bien appliquer les lois en vigueur surtout quand il s’agit des mesures de sécurité, l’état d’ivresse ou des clients accompagnés des filles de joie, etc.» L’haj Si Mohamed, le propriétaire de l’agence explique la chose avec diplomatie «l’alcool et les filles sont des problèmes récurrents avec les jeunes MRE qui sont habitués à d’autres façons de vivre en Europe ; ce qui est interdit dans notre religion et dans notre pays».
Nouara et son mari Khalid ne sont pas de cette catégorie qui passe ses journées dans les clubs privés et à chaque soir «squattent» dans les bars et discothèques. Le couple MRE de la banlieue Parisienne réclame des endroits d’accueil à leur portée. «Nous bossons comme des dingues toute l’année pour pouvoir nous offrir des bonnes vacances en été ; ce n’est pas possible de dépenser toutes nos économies dans quatre semaines chez nous. En plus, chaque année les prix augmentent». Nos responsables sont irrités d’entendre les arguments posés par nos RME. Ils renvoient la balle aux responsables politiques «Ce problème dépasse nos prérogatives et compétences. C’est au gouvernement de trouver une solution à cette problématique». Et pour justifier les différences des avantages entre MRE et touristes Européens, un directeur d’une agence de voyage sur l’avenue des FAR affirme « si j’étais MRE, je profiterais des offres ouvertes aux étrangers dans le cadre des voyages organisés. Rien, ne les empêche d’en profiter».

Hors Texte :

Il est à rappeler que des milliers de MRE et de plus en plus d’Algériens résidents à l’étranger bénéficient des offres offertes par des tours opérateurs installés à l’étranger. Une fois au Maroc, nos MRE sont dans des hôtels bien classés comme les touristes Européens. Le programme touristique bien garni leur permet de découvrir des coins sympas, aller en boite tous les soirs et profiter des plages privées, sans interdictions. Bref, ils sont bien servis comme en Europe. La seule chose qui leur manque, c’est la famille nombreuse : les oncles, tantes qui ont l’habitude de les attendre avec impatiente à ce moment de l’année.
Pour Nouara et Khalid, comme il est le cas de la plupart des MRE, «la famille c’est tout simplement sacré ». Les yeux de Khalid pétillent au moindre fait de parler des vieux, des oncles et tantes laissés au pays. Nouara ajoute «Nous nous pouvons pas voyager nulle part sans toute la famille ; nous nous préoccupons pas du prix du moins qu’ils soient abordables». Et d’ajouter «c’est pour cette raison que nous revendiquons des nouvelles politiques ; celles susceptibles de répondre à un tourisme à la Marocaine, des familles nombreuses». Khalid qui est originaire de la région montagneuse de Tafraout ne manque pas l’occasion de prodiguer des conseilles pour nos responsables du secteur de tourisme «il faut installer des campings, construire des aires de jeux et de loisirs dans nos belles montagnes pour faire démarrer un tourisme rural que notre pays a vraiment besoin».
Enfin, espérons que les appels de Nouara, Khalid, Hamid, Moha, et autres MRE soient entendus par de bonnes oreilles car, avant tout, c’est l’amour du Maroc qui fait réagir nos RME avant toute autre prestation ou service dont ils ont bien sûr le droit.

recrudescence des mariages par la fatiha

Société/Mariages
Les couples officialisent de moins en moins devant l’aadoul
Le boom des mariages par la “Fatiha”

Mohand Mellal*

Selon des estimations officieuses, le phénomène du mariage par la Fatiha est en train d’affoler tous les compteurs. Si en période estivale, le temps est aux cortèges nuptiaux, le reste de l’année les liaisons s’“officialisent” à l’abri de l’intimité familiale. Loin des cachets ronds du fameux laadoul, des couples s’unissent par la seule volonté de la Fatiha, en présence d’un taleb et de deux témoins.
Peu de monde requis donc et un minimum de préparation demandée pour sceller un mariage “à l’ancienne” de plus en plus prisé, et pour différentes raisons. Licite aux yeux de la religion, cette union semble faire l’affaire de beaucoup de couples qui n’hésitent plus à franchir le pas. Un premier temps, marginalisé dans l’esprit et regardé d’un œil suspicieux, puisque frappé du sceau du secret et de l’intimité, le mariage par la Fatiha est entré dans les mœurs et, signe des temps, il est de plus en plus recherché même chez les filles de “bonnes” familles. L’essentiel est de ne pas rester en rade sur l’autoroute des “célibataires malgré eux”. Kenza, 40 ans, enseignante dans un lycée de la périphérie de Casablanca est catégorique à ce sujet. “Je suis preneuse”, résumera-t-elle la situation. Mignonne, élancée, Kenza n’a pourtant pas le profil d’une femme à marier. Son physique plutôt agréable et son ouverture d’esprit lui ont, à plusieurs fois, joué de mauvais tours. Agacée par son manque d’initiative et son désespoir à rencontrer le prince charmant, Kenza se dit prête à convoler en justes noces même si c’est à travers un mariage par la Fatiha. “Et alors, où est le mal ? Si c’est permis par l’Islam, je ne vois pas trop où ça peut coincer”, dira-t-elle. Consciente des difficultés de trouver un mari “idéal”, elle se veut un brin philosophe. “À mon âge, je ne vais sûrement pas épouser quelqu’un pour sa beauté ni pour son esprit. Je veux me caser et presque tous les hommes intéressants sont déjà pris”. Le mariage par la Fatiha est une porte de secours pour nombre de femmes qui se retrouvent seules, trahies par le cours de la vie. Selon H. Benkirane, sociologue, cette option, même si elle présente des aspects négatifs ou plutôt débouche sur des conséquences parfois dramatiques, s’inscrit dans la logique du moment. “On ne peut pas reprocher à deux personnes de s’unir quelle que soit la nature de cette union, d’autant plus qu’elle est licite”, s’étonne-t-il d’une levée de boucliers contre cette pratique. “Pourquoi ce phénomène, s’interroge-t-il, ce mariage a de tout temps existé, chez nous et ailleurs, alors pourquoi cherche-t-on à le stigmatiser ?” Pour notre interlocuteur, le mariage par la Fatiha a permis de dégoupiller pas mal de drames familiaux et de résoudre des cas extrêmes qui se seraient facilement réglés dans le sang. Même s’il estime que c’est une solution qui ne peut durer dans le temps, notre sociologue affiche, en revanche, une farouche opposition à ses détracteurs. “Même avec des conséquences fâcheuses, cela vaut mieux que la débauche ou le concubinage”, affirme-t-il. H. Benkirane cherche pourtant à relativiser l’ampleur du phénomène en l’absence de toutes statistiques vérifiables. Souad, Soussou, pour le milieu, avoue s’être rangée après sa rencontre avec Ahmed, un client quinquagénaire.
“C’était ce que les filles appellent un régulier, ils venaient me voir une ou deux fois par semaine et avec le temps on a sympathisé. Il m’a prise en pitié ou je ne sais quoi, et il m’a proposé le mariage par la Fatiha”.
Souad ne se fera pas prier et, depuis, elle se sent moins rejetée par les siens. “Cela a changé pour moi. Ce n’est pas la belle vie, mais ça m’a permis de sortir du milieu. J’en connais beaucoup comme moi qui se sont mariées avec des mecs plus âgés, rien que pour fuir leur situation.” Ce que Souad n’ose pas avouer, par contre, c’est l’envers du décor, le côté cour de ces unions. “Ce n’est pas toujours rose”, confesse Imane. La trentaine, le teint blafard et la bouche fatiguée, elle tire nerveusement sur sa énième cigarette. “Tu sais, au début on se dit qu’on a décroché le gros lot, mais au bout de quelques mois de vie commune on s’aperçoit qu’on a mis notre destin entre les mains d’un monstre”. Pour elle, le mariage par la Fatiha a tourné au cauchemar lorsqu’elle quittera le toit conjugal, une nuit d’hiver, le visage tuméfié et quelques côtes fêlées. “Qu’est-ce que tu veux que je te raconte de plus ? Pour lui, le fait de ne pas avoir un livret lui conférait tous les droits. Il était déjà marié et père de trois enfants et moi j’étais son jouet sexuel et son défouloir. À chaque fois que j’abordais le sujet de la maternité avec lui, ce sont des coups de poing que je recevais en guise de réponse. À la fin, j’en ai eu marre de sa violence et j’ai fui laissant tout derrière moi. Je ne sais même pas si je suis toujours considérée comme sa légitime, mais maintenant c’est la rue qui est mon toit”.
Autre cas de figure, et loin des marginaux de la vie, ceux qui se trouvent obligés de passer par là en attendant mieux. Pour Mohamed et Houda, deux jeunes qui s’aiment depuis les bancs du lycée, le mariage par la Fatiha était l’unique solution pour ne pas se séparer. “Ma condition sociale ne me permet pas pour le moment d’épouser traditionnellement ma bien-aimée, mais on a trouvé cette solution comme assurance aux yeux des deux familles”, expliquera Mohamed. “Un aârboun si tu veux pour qu’elle soit mienne, mais il n’est pas question de consommer quoi que ce soit parce que pour nos familles, il est hors de question de s’unir en dehors d’un vrai mariage”. Si le mariage par la Fatiha continue de diviser, il reste qu’on le veuille ou non partie prenante de nos traditions. En effet, malgré
une instruction du ministère des Affaires religieuses, faisant obligation aux imams de ne prononcer la Fatiha que pour les unions déjà officialisées par un acte aadoulaire dûment établi et présenté par les deux époux lors de la cérémonie, le phénomène persiste.

Hors Texte :

La polygamie est autorisée, mais……

Selon la nouvelle Moudawana, la polygamie suppose l'autorisation du tribunal. L'octroi de cette autorisation se fait sur demande établissant un motif objectif exceptionnel de la polygamie, et décrivant la situation matérielle du requérant.
Le tribunal n'accorde l'autorisation que s'il est établi que la polygamie se justifie par un motif objectif exceptionnel, et si le requérant à la capacité de subvenir aux besoins des deux familles, qu'aucune injustice ne soit à craindre, et qu'aucune condition de monogamie n'ait été stipulée.
S'il est établi pour le tribunal, à la suite d'un tentative de conciliation, que la continuité de la vie conjugale est compromise, et que l'épouse du prétendant à la polygamie persiste à demander le divorce, il fixe un montant à payer par le requérant qui englobe les droits de l'épouse ainsi que ceux des enfants, avant de poursuivre le procédure.
Si l'épouse refuse la polygamie, sans demander le divorce, il est fait application de la procédure de discorde.
Après l'accord octroyé en vue de la polygamie, la fiancée du prétendant doit en être avisée; le tribunal s'assure de son consentement.
Si l'épouse ne peut être convoquée, pour cause de fraude de la part de l'époux prétendant à la polygamie, qui aurait communiqué une adresse erronée, ou un nom ou prénom inexact; celui-ci s'expose à des poursuites pénales sur plainte de l'épouse .

Manger sans s'intoxiquer est possible!

Société/ Hygiène alimentaire

Manger l’été sans s’intoxiquer c’est possible

Le consommateur : l’ultime rempart contre la contamination



La saison chaude, c'est la fête des microbes : ils se multiplient très vite et partout. Rupture de la chaîne du froid, négligence dans la préparation des repas surtout les crudités, réfrigérateur mal nettoyé... les exemples de manque d'hygiène abondent et les intoxications alimentaires se multiplient. Elles ne sont pourtant pas une fatalité : le respect de quelques règles permet de passer des vacances sans souci et à l’abris de désagréables maux facilement évitables. Abdellah, gérant de snack sur une artère de Casablanca fait de la propreté et de l’hygiène les principaux atouts de sa réussite dans ce métier exigeant «Nous ne lésinons pas sur les moyens quand il s’agit de la santé de nos clients. Le restaurant doit être propre à tout moment. Nous faisons plus particulièrement attention aux salades et autres crudités». Et d’ajouter «Grâce à notre sérieux dans le respect des règles d’hygiène alimentaire, de plus en plus de clients nous font confiance et notre snack ne désempli pas de l’ouverture à la fermeture».
Le repas était parfait : œuf mayonnaise, poulet rôti, camembert et mousse au chocolat. Mais alors, pourquoi ces malaises soudains ? Nausées, maux de tête, douleurs abdominales, diarrhées, vomissements sont les signes d'une intoxication alimentaire. En général, tout rentre dans l'ordre en deux ou trois jours au maximum. Nombreuses sont les intoxications alimentaires qui passent même inaperçues chez les adultes en bonne santé.
En revanche, elles peuvent avoir des conséquences graves chez les nourrissons, les jeunes enfants, les personnes âgées, présentant des terrains plus favorables à l'invasion bactérienne. La femme enceinte et son fœtus, l'adulte immunodéprimé pour des raisons médicales, la personne atteinte par une autre maladie ou souffrant de malnutrition, de sous-alimentation sont autant de sujets fragilisés.
Presque tous les aliments peuvent être mis en cause dès lors qu'ils sont mal préparés, ou encore transportés ou conservés dans de mauvaises conditions. Et si certains dégagent une odeur désagréable ou présentent un aspect déplaisant, il faut plus encore se méfier des autres qui cachent sous leur belle apparence des milliers de bactéries minuscules, invisibles à nos yeux.
Les œufs sont souvent mis en cause, notamment toutes les préparations sans cuisson (mayonnaise, crème, mousse au chocolat, tiramisu.etc.). Attention au mythe de l'œuf frais : deux jours après la ponte, un œuf contaminé peut contenir jusqu'à un milliard de salmonelles par gramme de jaune. Ces bactéries se développent très vite entre 20 et 50°C. Au réfrigérateur, leur multiplication est stoppée. Poulets, dindons ou canards constituent aussi un grand réservoir de salmonelles. Seule solution : les faire cuire suffisamment pour détruire les bactéries.
Autre vedette des intoxications alimentaires : la listeria. Cette bactérie est sensible à la chaleur, elle résiste en revanche très bien au froid et peut ainsi se multiplier sans problème dans votre réfrigérateur. Elle peut contaminer toutes les catégories d'aliments (viandes, fromages, légumes, produits de la mer) et, contrairement aux idées reçues, même les fromages pasteurisés.
La meilleure prévention consiste à laver soigneusement les légumes crus et les herbes aromatiques, à bien cuire les aliments crus d'origine animale (viande, poisson, charcuterie crue telle que les lardons) et à ne pas consommer la croûte du fromage où se concentrent les bactéries. La listeria peut également contaminer des produits qui subissent une cuisson lors de leur fabrication ou de leur stockage. Ces produits présentent ainsi le même risque que les produits crus contaminés. D'après les enquêtes, il s'agit pour l'essentiel de charcuteries : rillettes, pâtés, produits en gelée... Sans être spécialiste en médecine ou en anatomie, Abdellah, le gérant de restaurant de Casablanca est catégorique «Nous n’avons jamais enregistré de plaintes concernant l’intoxication alimentaire de nos nombreux clients». Et d’ajouter «Nous traitons tous les aliments avec autant de soin nécessaires pour éviter des désagréments chez nos clients que nous considérons comme invités».

La sécurité alimentaire est devenue une priorité et l'affaire de tous. Les pouvoirs publics surveillent, inspectent, contrôlent et, si besoin, sanctionnent tout au long de la chaîne alimentaire. Les professionnels de l'agroalimentaire (agriculteurs, éleveurs, industriels, transporteurs, commerçants...) intensifient leurs efforts pour offrir des produits encore plus « sûrs ». Ils observent un ensemble de règles très strictes et font tout pour limiter les risques. Mais la sécurité alimentaire dépend aussi de son dernier maillon et non des moindres, qui finance toute la chaîne : le consommateur lui-même. Entre le moment où l'aliment est acheté et consommé, c'est une autre chaîne alimentaire qui va se constituer. Une chaîne alimentaire que le consommateur va devoir gérer seul. De petites erreurs suffisent parfois à transformer le meilleur des aliments en un véritable poison.

Hors texte :

Le rôle de pouvoirs publics

Tout le monde s’accorde que dans le domaine de l’hygiène alimentaire, le contrôle est défaillant. D’après Abdellah, le gérant de restaurant à Casablanca, «tant que les autorités concernées cèdent au pouvoir de l’argent, nous ne pouvons pas empêcher les différents commerçants de travailler anarchiquement sans aucun respect des règles d’hygiène les plus élémentaires». Et d’ajouter «Cela doit se faire d’abord à chaque ouverture d’un nouveau commerce : il faut imposer aux professionnels un règlement et des critères à respecter ». Abdellah renchèri « certaines personnes se permettent même de vendre de la nourriture sur le trottoir ; cette anarchie va cesser lorsqu’il y’aura des hommes incorruptibles, des hommes qui ne vendent pas leurs âmes et leurs consciences pour une poignée de dirhams». L’appel est donc lancé, et à bon entendeur Salut !

LMD: l'échec de la réforme

Société/Enseignement
L’université : l’échec de la réforme
Manque de moyens financiers, centralisation, archaïsme dans le choix des programmes, les principales causes de l’hécatombe
Voilà déjà quelques années que l'université marocaine est passée au système LMD (Licence – Master - Doctorat) escamoté et non doté de moyens nécessaires : il s'agit de la mise en conformité avec les diplômes européens ; ce qui est censé faciliter la vie à des milliers d’étudiants marocains voulant étudier en Europe, qui n’auront plus à se soucier des problèmes d’équivalence et de reconnaissance de leurs diplômes. Tout se serait donc bien passé comme l'ont laissé croire les médias et les assises organisées par le ministre de l'époque.
Ce n’est pas l’avis de Zineb, diplômée d’ingénieur en Informatique venue, visiter le forum international des Masters- MBA- 3ème cycles& formation continue organisé du jeudi 3 au dimanche 6 Juillet à la foire internationale de Casablanca, dans l’espoir de trouver une formation à l’étranger qui va servir de tremplin à son diplôme Bac+4 obtenu au pays. La nouvelle lauréate de diplôme d’ingénieur en Informatique ironise quant aux moyens mis en place par le ministère de tutelle (ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de la formation professionnelle) : »par un coup de baguette magique, l'université marocaine est mise sur le rail du LMD sans dommages et heurts, et cela à budget constant de 42 milliards de Dirhams, ce qui relève d'une vraie utopie ». Le futur cadre supérieur renchérie « pourtant, à y regarder de l'intérieur, ce constat ne traduit pas la réalité, le LMD n’a rien changé, ni sur le plan des disciplines ni sur le mode de gestion; ni même sur les effectifs en ressources humaines et financières pour mener à bien et dans de bonnes conditions la réforme que le ministère a qualifié de changement dans la stabilité ».
Si les raisons de ce fiasco sont connues, il reste que les remèdes sont plus difficiles à diagnostiquer et à mettre en place. Nora, attaché de communication de l’université Mohammed V tente laborieusement d’apporter un semblant de réponse à cette question qui concerne toutes les générations à venir. La responsable de l’université Mohamed V de la capitale suggère des mesures de fond qui selon elle vont révolutionner notre système d’enseignement supérieur : « la vraie réforme de l’université marocaine passera nécessairement par son autonomie pour la mettre en conformité avec les exigences de la transition démocratique et former les compétences destinées à évoluer dans une économie de marché, la Suppression de la tutelle de l’enseignement supérieur, qui ne pourra plus interférer dans la gestion de l’université. A l’avenir, les missions du ministère consisteront à planifier à moyen terme la politique de l’enseignement supérieur et de la recherche, l’obtention des ressources financières en rapport avec les objectifs préalablement définis, et la réalisation des infrastructures, La création d’académies universitaires régionales qui constitueront l’interface entre les pouvoirs publics et les universités à l’échelon régional. Il s’agira d’une structure administrative déconcentrée émanant du ministère, mais sans pouvoir de tutelle, et enfin la révision des programmes qui sera engagée dans chaque université. Il s’agira d’abord d’adapter les enseignements à l’évolution scientifique et technique, aux nécessités de l’économie de marché et aux besoins des entreprises, l’établissement de l’enseignement des langues étrangères sans exclusive, mais avec une priorité pour les langues ayant des liens historiques, politiques et économique avec le Maroc (Arabe, Français, et le Tamazight) ».
Tous les participants au forum international des Masters& formation continue s’accordent à dire que la mobilisation est timide cette année malgré les enjeux de telles manifestations culturelles. La faillite de notre institution scolaire peut aussi être trouver dans les manques d’intervention des différents partenaires et acteurs, à savoir les élèves,parents d’élèves,étudiants, les collectivités locales et autres enseignants. La faiblesse de la mobilisation serait donc d’abord due au fait que la population marocaine n’a pas pleinement conscience des enjeux de l’éducation et qu’elle ne se sent pas toujours interpellée par les problèmes de l’école. C’est l’avis de Fouad, licencier en Lettres française de l’université Moulay Ismail de Méknes de passage à Casablanca « une grande partie de la population marocaine ne reconnaît pas, pour des raisons diverses surtout liés à l’analphabétisme, tous les impactes positifs attendus de l’éducation en termes de développement sur les plans humain, économique et social. Il ajoute « inversement, ces populations ne reconnaissent non plus les dangers liés à la persistance de déficits graves en termes d’éducation ». Mohcine, un ami de Fouad lui emboîte le pas en citant un adage bien connu « si l’éducation semble chère pour nos compatriotes, qu’ils essayent l’ignorance ». Il semble que l’idée selon laquelle l’éducation n’est pas un « plus », mais le déterminant majeur de l’avenir du pays dans son ensemble, un droit permettant à chacun de jouir de toutes ses capacités et d’améliorer ses conditions de vie, ne s’est pas encore durablement installée. L’alternative selon Nora, notre diplômée en Informatique, est à trouver dans les offres d’éducation alternatives, « aux modèles reconnus, privant de ce fait l’école publique de leur appui ».
Hors Texte :
Enseignement supérieur et recherche scientifique
Une abondance « trompeuse » de ressources
Bien qu’il soit évalué à 42 Milliards de Dirhams l’année de la réforme (2003) ce qui représente environ 7 % du PIB, le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique semble encore insuffisant devant les objectifs affichés. En effet, la recherche de la qualité et de la conduite de la réforme en générale, implique des investissements conséquents sur tous les plans.
Le taux « constant » de financement cité plus haut (environ 7 % du PIB) est observé dans les pays où le système éducatif a déjà connu des réformes profondes et atteint un niveau de développement assez avancé. Or, le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique au Maroc est pour sa part simultanément en pleine expansion et en réparation. Il requiert donc plus de moyens.
L’essentiel de l’effort de financement direct du secteur de l’enseignement supérieur reste supporté par l’Etat, alors que la contribution des partenaires tels que les collectivités locales ou le secteur privé, reste limitée. Alors pour quand la prise de consciences ?

Pavillon Bleu mérité?

Contrairement aux trois dernières années estivales, le drapeau signalant le label Pavillon Bleu est introuvable sur la plage de Ain Diab. Ce Label qui fait la fierté des plages distinguées par cette distinction internationale est tout simplement invisible « à l’œil nu » aux alentours de la plage. Est-ce une prémisse de la remise en cause de la notoriété de la plage « la source des chacals » ou tout simplement un oubli comme nous le dit Rachid, un employé de nettoyage de la commune de Casablanca. C’est peut être aussi l’euphorie du vainqueur qui s’estompe pour laisser la place aux incertitudes du perdant ?

Voila donc déjà quelques années que la plage de Ain Diab a reçu le Label Pavillon Bleu. Cette distinction qui consacre une volonté de se conformer aux normes internationales avait été possible grâce à cette action de longue haleine menée par la Fondation Mohammed VI pour la préservation et la sauvegarde de l’environnement. Garant d’une bonne qualité environnementale, le Pavillon Bleu, une fois hissé sur la plage, véhicule une image positive et dynamique auprès des résidents et touristes. Il constitue également un vecteur de marketing territorial permettant à la plage primée de se distinguer et de devenir plus attractive sur le plan touristique. Le renforcement de l’arsenal réglementaire et institutionnel à travers la promulgation de certaines lois relatives notamment à la gestion des déchets et à la protection du littoral, la réduction des sources de pollution, le renforcement des infrastructures et des mesures de sécurité.

Le programme Plages Propres initié sous la présidence effective de S.A.R. la Princesse Lalla Hasna et qui avait pour objectif d’améliorer la qualité des installations et favoriser l’hygiène et la propreté des plages, a permis à la plage chère aux Casablancais d’être aux normes. Toutefois, comme cette distinction est remise en cause annuellement, la plage la plus populaire de la capitale économique doit continuellement œuvrer pour mériter son précieux sésame. Mérite t-elle vraiment son « trophée » ?

Selon la FEE (Fondation pour l’éducation à l’environnement), l’organisation internationale non gouvernementale qui gère le Label Bleu, ce dernier est attribué sur une base volontaire, annuelle, positive et évolutive, à partir de 4 grandes familles de critères : la qualité de l’eau, l’éducation environnementale et information, gestion environnementale, sécurité et services.

Comme chaque année à la même période, le palmarès des plages du Maroc vient d’être rendu public. Le ministère de l’Equipement et des Transports et celui de l’Aménagement du territoire, de l’eau et de l’environnement viennent en effet de dévoiler les conclusions du rapport sur l’état des plages pour la campagne estivale 2007-2008. Et comme à l’accoutumée, le classement du rapport fera des heureux et des malheureux.

Forte de sa réputation gagnée par sa reconnaissance internationale, la plage « la source des chacals » fait partie du gotha des lauréats. Selon Mohamed, lieutenant de la protection civile, responsable à la même plage « cette année, les résultats sont plus que rassurants. Le département de l’Environnement a annoncé que plus de 92% des plages sont propres à la baignade, une amélioration notable par rapport aux années précédentes, où certaines plages, comme celles de Mohammedia, Rabat-Salé, Tanger, ont frôlé la cote d’alerte, à cause de la nocivité des rejets domestiques et industriels, mais aussi du manque flagrant dans les infrastructures d’hygiène. Pour ce qui nous concerne, la qualité d’eau est irréprochable car il n’y a pas de déversement sur ce site».

Ce qui est frappant en déambulant sur l’immense trottoir du boulevard de la corniche est le manque de panneaux d’informations relatifs aux différents sites naturels que peut targuer d’appartenir la plage de Ain Diab. Même le site Sidi Abdelrahman n’est pas mis en valeur malgré l’engouement qu’il peut susciter auprès des visiteurs. Quand aux actions, combien importantes, de sensibilisation à la protection de l’environnement et à l’affichage des animations environnementales ; elles sont tout simplement aux abonnés absents. D’après Youcef, un agent de nettoyage rencontré sur l’artère principale, « les responsables n’ont juste pas encore pensé à ce genre de panneau qui peuvent nous facilité notre travail ».

Le site est d’une beauté à couper le souffle. Son exploitation abusive ne permet pas de faire profiter de la magie de ses espaces. Hamid, un estivant habitué à la plage de Ain Diab nous relate le calvaire qu’il a rencontré avec sa petite famille le dimanche « il y a tellement de monde, que c’est impossible de trouver une place où mettre sa serviette. Il fallait trois plages comme celle-ci pour contenir tout le monde qu’il y avait. Les actes de violence juvénile sont omniprésents ; ce qui met tout le monde dans un climat d’insécurité permanente. On a fini par rentré chez nous au lieu d’être concentré ici comme des sardines ». Le manque d’espaces verts est criant sur cette plage qui rassemble des familles qui ont besoin de ces endroits propices à la détente.

Une chose qui fait vraiment plaisir en se rendant dans cette plage de Ain Diab est la propreté de la plage ainsi que l’artère commerciale qui borde le boulevard de la corniche. En effet, trois équipes d’employés dévoués à la propreté du site se relaye trois fois huit pour garder la plage propre à tout moment de la journée. Khalid, un agent de nettoyage nous explique : »chacun des 25 employés mobilisés a la responsabilité d’une section de la plage ». il ajoute concernant les conditions de travail « c’est vraiment difficile car les gens nous facilite pas la tache en jetant leurs déchets n’import où ».

Hors Texte :
La sacro-sainte sécurité !
Tout le monde s’accorde à dire que la première préoccupation de tout organisateur d’évènement ou de réunions publics est sans doute la sécurité. Selon Mohamed, un habitué de la plage de Ain Diab qui témoigne avec une sincérité rare, « il y a un manque flagrant dans le domaine de la sécurité. J’assiste à des bagarres tous les jours que dieu fait. Ce sont des scènes habituelles qui appartiennent au décor. Les quelques flics qu’on peut compter sur les doigts d’une seule main ne peuvent pas répondre aux besoins de sécurité d’une plage comme la notre. Il faut aussi des éducateurs pour encadrer les hordes d’adolescents non accompagnés d’adultes car ils sont les principaux acteurs de la violence juvénile répondue ici. Il y a aussi un manque de maîtres nageurs qui sont souvent débordés devant le non respect des baigneurs des normes de sécurités usuelles. Rachid ajoute avec nostalgie « Pour redonner à cette plage sa place qu’elle mérite parmi les plages les plus prisés du pays, il faut un travail de fond en matière de sécurité sans parler des autres secteurs ». Il est à noter que les services de protection civile de la plage de Ain Diab dispose de deux Zodiacs, deux moto marins, d’un véhicule tous terrains de type 4*4, d’un quad, d’une ambulance, et les services d’un médecin.

le doute plane sur le conseil national des associations

Société/ mouvement associatif

Clôture des sept rounds de concertation avec la société civile

Le mouvement associatif doute de l’utilité du « Conseil National des associations »


Le doute et la méfiance ont plané sur le dernier round, des sept rencontres régionales, de qualification des associations organisé par le ministère du Développement social, de la famille et de la Solidarité le samedi dernier dans la banlieue de Casablanca.
Le débat qui devait aboutir à la constitution du fameux conseil national des associations a presque tourné au vinaigre. Des interrogations sur l’intérêt et l’utilité d’un tel conseil ont été largement répondues par les participants répartis en trois ateliers. Khadija, membre d’une association à Ben Slimane s’interroge : « cette idée de conseil va créer des associations qui vont être à l’intérieur des institutions et d’autres, qui ne font pas partie du conseil, vont être à l’extérieur ». Et d’ajouter « cette initiative, fut elle louable, va poser une vraie problématique au mouvement associatif, celle de l’indépendance des associations de la société civile vis à vis des pouvoirs publics». Bouchra, membre d’une ONG (organisation non gouvernementale) basée à Rabat traduit par son intervention toute l’inquiétude et la peur des congressistes de cette nouvelle institution en disant « le fait que la plupart des intervenants ont des idées proches et qui se rejoignent dans leurs inquiétudes montrent que la peur des militants associatifs de la créations de ce conseil est réelle ». Notons que l’objectif recherché par le ministère du développement social, de la famille et de la solidarité par la création du conseil national des associations est de contribuer au renforcement du mouvement associatif national afin que ce dernier participe efficacement au développement global du pays. Le Conseil National des associations aura, d’après Nouzha Skalli, à déterminer les mécanismes et à prendre les mesures nécessaires en vue d’assurer les missions principales du tissu associatif. Selon le ministre « le conseil des associations va affiner la connaissance du mouvement associatif, à travers ses forces et ses faiblesses ». Et d’ajouter «le conseil va aussi soutenir le mouvement associatif en vu d’élaborer sa propre stratégie d’action selon ses convictions et les orientations définies par les pouvoirs publics. Le ministre précise « Etant entendu que cette stratégie devrait reposer sur le concept du Développement Durable couvrant les composantes économiques, socioculturelles et environnementales».

La séance matinale des participants au septième round de négociation avec la société civile a été dédiée au processus de qualification des associations. En effet, les 1600 associations déjà qualifiées sur les 2000 associations que le conseil national compte contenir ont toutes répondu aux critères de qualifications déterminés par le ministère de développement social, de la famille et de la solidarité. Les associations voulant joindre le conseil national doivent passer avec succès les phases d’adhésion, de sélection, de diagnostic, et de qualification. Les recommandations de l’atelier concernant la qualification des associations se convergent sur des points essentiels à savoir l’élaboration d’un chronogramme détaillé et clair de mise en œuvre des différentes phases de la qualification. Le second point concerne la considération du processus de qualification dans sa phase pilote qui va toucher 2000 associations sur 2 ans comme une étape essentielle qui permettra le réajustement et l’adaptation des procédures d’une manière progressive. Donner une importance primordiale à la sensibilisation, la communication et l’information en amont du processus, au niveau local, régional et national, pour garantir une large participation est une autre recommandation essentielle. Enfin, Insister sur l’importance de la coordination entre les différents départements ministériels n’est pas du reste.
Hors texte :

Vision Casablanca 2030

Le ministre du développement social, de la famille et de la solidarité a dévoilé lors de son allocution d’ouverture de la rencontre régionale sur le processus de qualification des associations la « vision Casablanca 2030 ». Selon Nouzha Skalli, les responsables de la capitale économique du Maroc « sont plus que jamais décidés à relever le défis du développement à travers la stratégie Vision Casablanca 2030. D’après le ministre, il s’agit d’une panoplie de projets et des plans d’actions en cours dans le cadre du « Plan stratégique de développement de la région du Grand Casablanca ».
Nouzha Skalli explique « ce plan va faire de la région une grande métropole, une métropole productive, intégrative au niveau de la cohésion sociale notamment pour améliorer les indices de développement humain, faire de l’aménagement de l’espace un outil de modernité et d’épanouissement de l’individu ». Et d’ajouter « ce plan anticipe sur le développement futur de la région, se décline en trois dimensions, économique, sociale et environnementale, pour satisfaire aux besoins de la population et répondre aux exigences de sa croissance économique ». Le ministre ne tarie pas d’éloges envers ce plan en déclarant que ce dernier accorde toute l’importance au capital humain « sachant que tout le développement passe immanquablement par la qualification de l’élément humain et nécessite un investissement significatif dans l’éducation et la formation des cadres de haut niveau ».

le bonheur "coute" 10 dhs à Benabid

Société/Centre d’estivage

Redonner l’amour propre est inestimable

10 Dirhams « achètent » le bonheur à Ben Adbid

Les instructions qui nous ont été données par le responsable numéro un du centre d’estivage de Ben Aabid, M.Ahmed Ghiyat ne peuvent être plus précises. En effet, une grande colline qui était autrefois une carrière fait face à la plage réservée pour la colonie de vacances organisée par le collectif Maillage en collaboration avec 14 associations du Grand Casablanca. C’est désormais le cinquième centre de vacances d’été organisé par ce collectif d’association du Grand Casablanca, le 3ème du genre avec l’INDH. Les drapeaux rouges et verts, des couleurs nationales, nous confirment de loin qu’il s’agit bien de notre destination.

Un passage en terre battue qui donne l’aire du provisoire qui dure nous achemine vers l’immense plage qui alterne sable fin et petit rocher qui témoigne du lointain passé volcanique. Des tentes jaunes neuves et bien entretenues et des parasols oranges donnent au lieu un air estivale digne de la cote del sol. Un petit snack improvisé par les animateurs permet aux estivants de faire face à la petite faim qui les guette souvent au bord de la mer. Hamid, un petit jeune de Hay Hassani s’exclame « nous, les petits jeunes, nous sommes habitués aux petits snack en ville. Ce petit magasin improvisé par les animateurs nous permet de casser la croute. Nous remercions nos grand frères et grandes sœurs pour leurs attention». Pour se devertir, une radio plage est placée au milieu de la plage pour faire raisonner les tubes de l’été chers aux estivants. Les jeunes sont particulièrement sensibles aux sonorités Rythmes and Blues qui ont pris une part de popularité très appréciable après le concert historique de la Star internationale Rihanna, il y a quelques jours à Casablanca.

L’animation sur la plage est ce qui diffère un camp de vacances réussi sur un autre dit ordinaire ou banale. L’équipe d’animation de Maillage se composent d’un staff chevronné qui ne laisse pas les enfants s’ennuier. Les enfants ont eu droit un concours de remplissage des verres d’eau à l’aide d’une cuillère sur la bouche. L’engouement des petits et moins grands est perceptible pour gagner cette épreuve qui est revenu au plus jeunes des participants. Un autre groupe s’adonne à des matchs de foot d’un tournoi organisé sur une semaine. Le vendredi était la phase des quarts de finale, et la compétition était à son sommet. Des matchs de Beach Tennis sont éparpillé tout au long de la superbe plage et retiennent particulièrement l’attention des estivants. Aicha, une des amatrice de ce sport populaire et native de Sbata témoigne «Je participe volontiers à toutes les activités organisés par les animateurs du centre, mais le Beach Tennis est ce qui me donne plus de sensations fortes».

A premier abord, l’ambiance est bon enfant ; les estivants venus de la grande métropole et les résidents de ce petit hameau se côtoient pour faire qu’un seul groupe d’estivants insoucieux. Les responsables du camp ont aussi pris des initiatives pour faire la clarté sur leurs activités. Ils ont en effet établit un planning de visites des gouverneurs des lieux de résidence des associations. Pour ce vendredi, c’est le tour de M. Abdellatif Hamane, gouverneur du très populaire Derb Soltane de venir se recueillir des conditions de séjour des jeunes de sa région surtout avec tout le tapage médiatique de ces derniers jours. Le gouverneur à saluer les efforts des animateurs du camp de vacances qui offrent des prestations décentes à un coût très modeste « je me suis amusé à faire un calcul pour ce qui concerne le prix de revient par tête : le résultat est spectaculaire. Avec une modique somme de 10dhs, vous permettez à un jeune de passer une journée paisible et profitable dans une belle plage comme celle là !» déclare le premier responsable de Derb Soltane. Le gouverneur n’a pas dérogé à la règle de sa mission officielle en faisant un petit discours sur la cohésion et l’ascension sociales « je suis moi-même issu d’un quartier populaire, en l’occurrence El Hank, mais cela ne m’a pas empêché de gravir les échelons et de devenir aujourd’hui gouverneur».
Le vendredi est aussi le jour réservé pour les familles. Les petits estivants profitent pour passer une journée entière avec leurs proches au bord de la grande bleue. Khadija, une mère de famille de Hay Moulay Rachid nous dit « Ce centre est propre ; il y’a de la sécurité pour tous surtout pour nos filles». Et d’ajouter « c’est le meilleur camp. On est content».

Une anecdote racontée par Amane Al aouad, économe et trésorière du collectif Maillage nous a tout particulièrement attiré notre attention à plus d’un titre. Amane témoigne avec beaucoup d’émotion «Nous avons eu une fois la demande d’un jeune craint par tout le monde dans le quartier pour nous rejoindre pour une journée à la plage. Il est réputé d’être un garçon difficile et à problèmes. Il nous a supplié de lui donner sa chance pour nous prouver qu’il peut s’intégrer avec le groupe. A notre grande surprise et surtout joie, Jamal puisque c’est de lui qu’il s’agit à été exemplaire dans son comportement avec tous et même sauvé une fille qui a pu se noyer». Amane s’exclame «ce sont ce genre de moments qui me poussent à faire ce métier merveilleux ». Et d’ajouter « Nous avons la meilleure jeunesse du monde du peu qu’on lui offre les moyens de nous montrer ses capacités et faire étalage de ses talents». Amane rechéri «Notre jeunesse a perdu son amour propre du fait de sa marginalisation. C’est justement le travail que nous faisons dans nos associations : redonner confiance à nos jeunes pour qu’ils croient de nouveau en eux-mêmes».

Abouzid Azzedine, directeur du centre d’estivage est au four et au moulin. Avec beaucoup de professionnalisme, M. Abouzid nous fait «le tour du propriétaire», les lieux réservés aux 432 bénéficiaires, et 624 familles les vendredis. Le Maître des lieux a sous supervision 26 employés tous dévoués à servir les bénéficiaires âgés de 15 à 24 ans. Le directeur nous explique que le centre d’estivage reçoit des subventions de l’INDH (Initiative Nationale du Développement Humain) à hauteur de 280.000 Dhs, la CDG (la Caisse de dépôt et de Gestion) contribue avec 50.000 Dhs à la réussite du camp de vacances de 7 semaines. M. Abouzid précise aussi que d’autres partenaires participent à ce projet, en l’occurrence la multinationale «Théolia» qui a offert les tentes et les parasols érigés sur place pour le bien être des vacanciers; «Rédagraph» qui met à la disposition des jeunes estivants et de leurs familles une sonorisation radio plage pour animer leurs journées estivales.

Le centre d’estivage «Hors les murs» ambitionne de décrocher l’appellation Pavillon Bleu l’année prochaine « Ce qui nous fera certainement plus connaître du grand public» déclare M. Azzedine. C’est le très dynamique directeur du centre établi sur le territoire de Bin aabid qui nous affirme ensuite «Nous avons l’ambition d’aller loin vu l’équipe de grands travailleurs que nous avons.» Et d’ajouter «Nous avons déjà créé grâce à ce projet 26 postes d’emplois directs et 100 autres postes indirects». « Nous sommes confiants quant à nos chances de décrocher le label d’excellente en matière de gestion des plages de la méditerranée «Comme vous voyez, nous avons une plage magnifique, très propre, l’état de l’eau est impeccable d’après les services concernés vu l’absence de déversement. La sécurité est renforcée avec les collaboration des agents à pieds, des cavaliers, et des patrouilles de nuits et des forces auxiliaires». Et d’ajouter «Nous avons aussi un staff médicale composé de 8 infermiers pour faire face à toute urgence, et une équipes de 5 maîtres nageurs formés aux dernières méthodes modernes de sauvetage».

Hors Texte :

Ce qui nous réjoui vraiment dans ce centre d’estivage est la symbiose qui règne entre les estivants venus de la grande métropole pour une journée et les habitants autochtones de ce petit hameau situé à une trentaine de kilomètres de Casablanca. En effet, tout le monde s’associe aux multiples activités organisées par les animateurs quel soit un match de Beach Volley, foot, tennis, etc. M. Mokhtar Ahmadi, membre d’une association de la très proche Tamaris 3 se confie instantanément à nous «il y a une bonne ambiance dans ce centre entre les gens de ce petit bourg et les estivants venus des différents quartiers populaires du Grand Casablanca». Et d’ajouter «On dirait que nous sommes une seule famille. Nous souhaitons que ce genre d’initiative se multiplieront dans différents coins de notre beau pays». Le crédit est à mettre au profit de M. Ghiat et ses collaborateurs qui ne lésinent pas sur un détail pour offrir des moments de détente à cette jeunesse moins privilégiés dont la plupart n’ont jamais connu de Vacances. Cette formule de Vacances adoptée par le collectif Maillage n’est pas en reste pour nous rappeler le célèbre programme «Vacances pour tous » qui est cette année à sa septième édition. Tout le monde, en effet, s’est félicité du maintien de l’initiative chère au secrétariat d’Etat chargé de la Jeunesse après des rumeurs de son annulation. Tout comme «Vacances pour tous», « Hors les murs» s’est répondre aux besoins des Marocains de la capitale économique du pays. Comme son illustre prédécesseur, le projet phare de Maillage arbore un aspect non seulement estivale, mais aussi éducatif. Il est incontestable que les deux centres en question sont des écoles de la vie. Tout le mal que nous souhaitons à M. Ghiyat et ses collaborateurs est le succès qu’à connu le programme « Vacances pour tous » grâce, rappelons le, à l’essor remarquable, et ce, sur plusieurs plans, notamment l'augmentation de l'effectif pour faire profiter le plus grand nombre d'enfants et de jeunes, l'augmentation de la plateforme d'accueil, la mise en place d'une infrastructure de base et des équipements annexes, ainsi que la mobilisation des ressources humaines.

L'armistice n'est pas pour demain sur nos routes!

Société/ Transport

Le code de la route et le reste

L’armistice n’est pas pour demain !

Mohand Mellal

La route continue d’allonger son funeste bilan, d’année en année. Il n’y a pas un jour qui passe sans que les médias annoncent des accidents toujours, à la fois, plus graves et spectaculaires. Le mois dernier, Karim Ghellab, ministre de l’Equipement et du Transport lors d’une conférence tenue au Mégarama de Casablanca a fait référence, encore une fois, à la question de la révision du code de la route. Et pas seulement, heureusement : le représentant de la Gendarmerie royale a tenté une approche plus intégrée du problème de circulation en rappelant que le port de Casablanca, par exemple, déverse 70% de la marchandise importée dans le centre-ville et que les parkings manquent désespérément.
Mais l’officier trouve que le code actuel n’est pas suffisamment répressif contrairement aux automobilistes qui redoutent déjà un nouveau code plus « musclé ». Pourtant, n’est-ce pas qu’il vient d’être réformé depuis mars 2005 ? Ce qui est récent. De plus, des mesures élargissant les cas de retrait de permis de conduire ont été récemment prises, mesures normalement dissuasives pour des automobilistes qui, parfois, ont un rapport toxicomaniaque à la conduite.
Peut-être alors que le code de la route pèche par ce qu’il renferme comme système de répression que par la manière dont il est appliqué. En observant la manifestation concrète de la mission de répression des infractions au code de la route, on constate, en premier lieu, une traque sélective des infractions.
En ville notamment, la posture même de l’agent, se tenant en milieu de chaussée, face aux véhicules qui arrivent renseigne sur sa cible de prédilection : le téléphone mobile et la ceinture de sécurité. Le maniement de l’un et l’omission de l’autre sont visibles de loin chez un automobiliste en approche. En second lieu, sont pourchassés, par les véhicules de ronde, les arrêts et stationnements interdits. Et ce n’est pas ce qui tue le plus, même si cela gêne.
C’est dans les périphériques, où des chauffards s’adonnent à la cavalcade, et non dans les avenues centrales encombrées, que des vies se jouent. C’est aussi la nuit, quand les boulevards sont libérés aux rallyes de pilotes improvisés et grisés plutôt que le jour où les bouchons les contraignent à réduire l’allure, que sûrement survient le plus grand nombre d’accidents.
Sur les “autoroutes”, la vitesse est quasiment libre, malgré ces mystérieux radars fixes, mis en place il y a deux ans par le ministère cher à Karim Ghellab, et qui ont fait parler de leur arrivée plus que de leur effet dissuasif. Il nous reste à espérer que les radars mobiles distribués par le jeune ministre de l’Equipement et du Transport sous les flashs des photographes fassent mouche là où leurs illustres prédécesseurs radars fixes ont pêchés.
La nécessité de se rabattre sur la voie de droite à chaque fois qu’elle est libre est une règle aussi étrangère que le chinois pour la quasi-totalité des automobilistes nationaux. Son mépris provoque son cortège de dépassements par la droite à la vitesse et les conséquences qu’on ignore. Le résultat en est qu’objectivement, ces rodéos sur autoroutes transformées en arènes sont plus tolérés que l’usage d’un téléphone portable dans une ruelle embouteillée ! La prédilection pour les barrages fixes au détriment de la surveillance mobile fait que ce désordre en mouvement est très répandu entre deux points de contrôle fixes. Et c’est peut-être ces no man’s lands routiers que constituent certains tronçons qui font le plus de victimes.
Revoir encore le code de la route ? Peut-être. Revoir la manière de l’imposer ? Probablement. Mais revoir aussi l’environnement du transport, en termes d’aménagement du territoire et d’aménagement urbain, et de qualité des routes, c’est certain.
Hors texte :

Accidents de circulation :
Aggravation des paramètres en 2007 et durant les cinq premiers mois de 2008

L’année 2007 a enregistré 58.924 accidents de la circulation qui ont causé la mort de 3.838 victimes, en augmentation de 2,24% par rapport à 2006, et la blessure de 89.264 personnes, dont 12.406 blessés graves.
La tendance à la hausse s’est confirmée durant les cinq premiers mois de l’année 2008. Le nombre d’accidents a augmenté de 13,69% et celui des tués de près de 14% par rapport à la même période de l’année dernière. Le nombre de blessés graves a enregistré également une hausse de 10.38%.
Globalement, on peut considérer que la stratégie de lutte contre l’insécurité routière est en mesure de donner des résultats, puisque l’objectif de stabilisation des nombres des tués est atteint. En effet, ce nombre en 2007, malgré l’augmentation enregistrée, reste inférieur à celui de 2003, année de référence pour la stratégie.

L'Intérêt de l'enfant d'abord!

Société

Migration clandestine
Le cas des mineurs non accompagnés


Placer l’intérêt de l’enfant avant les exigences des politiques publics de lutte contre l’immigration clandestine


« La migration des mineurs n’est ni un phénomène récent, ni un phénomène isolé », c’est l’une des conclusions de l’intervention de Joaquin Eguren, au 1er colloque international organisé par le centre des études et de recherches sur la migration internationale et le développement durable (CERMID) qui s’est tenu les 09 et 10 juillet au centre Links de la faculté Hassan II des sciences juridiques, économiques et sociales.

En effet ajoute le professeur à l’université de Madrid, » les migrations des familles entières tout au long de l’histoire a occasionné la migration simultanée de nombreux enfants. Certains enfants accompagnent leurs parents dans le périple, d’autres migrent seuls. Ce dernier phénomène tend à prendre de l’ampleur depuis quelques années, phénomène désigné par l’expression mineurs non accompagnés ou mineurs séparés ». Le conférencier estime que la genèse de ce phénomène remonte à 1979 « au transit des mineurs non accompagnés Cambodgiens dans les pays voisins fuyant la guerre, avant de partir pour les pays susceptibles de les accueillir ». D’après M. Erguren, « ces enfants mineurs Cambodgiens se faisaient passer pour des enfants orphelins dans l’espoir d’être adoptés ou tout simplement accueilli par des familles occidentales ». Il ajoute que « les familles des ces mineurs, de leurs cotés, sont au courant de la stratégie de ces enfants près à tout pour joindre l’Eldorado que représente pour eux l’occident quand ils les encourageaient pas ». M. Erguren renchéri « les familles préfèraient laisser partir leurs enfants dans l’espoir qu’ils aient un avenir dans leurs pays d’accueil ».

La migration des enfants mineurs s’est développée dans les années 1990 « vu les possibilités offertes par l’union européenne à travers son arsenal juridique qui protège ces enfants mineurs non accompagnés » précise le professeur Joaquin Erguren. Toujours selon M.Erguren, « la problématique principale que rencontrent les chercheurs dans leurs travaux pour comprendre ce phénomène est le manque de statistiques fiables. On assiste à l’accroissement du nombre d’enfants mineurs non accompagnés ces dernières années en plus de tous ceux qui ne sont pas recensés. »

L’Espagne, l’Italie et le Royaume Uni sont les destinations préférées des mineurs non accompagnés. Ces pays se distinguent par contre par la nature de leurs intérêts aux yeux des candidats à l’immigration. Si l’Allemagne est prisée par les réfugiés politiques, l’Italie et l’Espagne sont plutôt les destinations chères aux émigrants économiques. Quant à la Belgique et l’hexagone, elles sont les priorités des candidats aux mariages. Les mineurs non accompagnés marocains vont majoritairement en Espagne vu la proximité géographique. M. Erguren trouve dans sa recherche que « les mineurs non accompagnés marocains sont entre 14 et 17 ans. Il y a ceux qui voyagent avec les parents puis se perdent dans la nature, ceux qui traversent le détroit en se cachant dans les voitures, camions, et bateaux ». La recherche du professeur montre aussi que ces enfants mineurs non accompagnés candidats à l’immigration sont issus majoritairement des familles difficiles et n’ont pas de projets définis. Généralement, ce sont des enfants qui habitent dans les quartiers à climats « favorisants l’immigration » ajoute t-on dans les conclusion de la recherche.

Si beaucoup de familles marocaines permettent à leurs enfants de sortir du territoire national en les considérants comme des adultes vu les lois tribales toujours en vigueur dans le Royaume. Ces mêmes familles ne mesurent pas, d’après le professeur Erguren « l’étendue du risque de perte d’identité au sein de ces enfants vu leurs vulnérabilités à ces âges là ». Le professeur préconise l’insertion de ces enfants Marocains mineurs non accompagnés en Espagne dans leurs communautés d’origines pour éviter des problèmes de leurs réinsertions à l’âge adulte.
Mme Naima BABA, chercheur à l’université Hassan II, a favorisé l’approche pluridisciplinaire dans le traitement du phénomène des enfants mineurs non accompagnés. Selon elle « il est déjà difficile de traiter cette catégorie car il s’agit bien de nos enfants ».
Au niveau national, « les associations sont réticentes quand à l’accueil des enfants mineurs non accompagnés ». Mme Baba fustige l’absence totale d’un observatoire national pour identifier, quantifier, et essayer de trouver des solutions à ce phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Comme son collègue espagnole, le jeune chercheur de l’université Hassan II de Casablanca soulève le problème de manque de statistiques fiables et donc l’obligation de se référer aux seuls registres d’entrées et de sorties du territoire de la police nationale.

Elle ajoute « si on se contente de l’approche juridique dans le traitement de ce phénomène combien important, on s’aperçoit vite des contradictions entre les droits des différents pays concernés par le phénomène ». Il y a en effet un fossé qui sépare les législations des pays émetteurs et des pays récepteurs d’enfants mineurs non accompagnés argue le jeune chercheur. Elle soulève, entre autre, l’important point d’identification de l’âge du candidat à l’immigration qui pose problème. Le conférencier estime qu’il y a urgence pour remodeler le texte 02-03 de la législation nationale pour inclure un statut des migrants mineurs. Enfin, la collaboration entre les services de police et ceux de justice dans les pays concernés par le phénomène est plus que souhaitable. Enfin, « la nécessaire révision des dispositions légales des conventions bilatérales (notamment dans le cas du Maroc et de son voisin espagnole) pour les harmoniser dans l’intérêt suprême de l’enfant.

Hors texte :
L’immigration clandestine ne se limite plus aux adultes. Elle séduit également bon nombre de mineurs. Ils étaient quelques 6300 enfants non accompagnés de toutes nationalités hébergés aux centres d’accueil d’Espagne en 2002 selon Joaquin Erguren. Ce chiffre a pris son envol pour atteindre le chiffre fatidique de 10000 en 2004. Cette « crue juvénile » selon M.Erguren est majoritairement composée de garçons. La majorité viennent de l’ex Europe de l’Est, après viennent les Africains et même Sud Américains. Les mineurs non accompagnés Marocains sont entre 14 et 17 ans. Il y a ceux qui voyagent avec les parents puis se perdent dans la nature, et ceux qui traversent le détroit en se cachant dans les voitures, camions, et bateaux. Ils sont majoritairement issus de familles difficiles, et n’ont pas de projets définis. Généralement, ces enfants candidats à l’immigration clandestine sont des garçons habitant les quartiers à climat favorisant l’immigration.

Passer au stade de la citoyenneté

Société /développement humain

Forum de la Citoyenneté
Passer au stade de la citoyenneté

Favoriser les données nationales

Le Forum de la citoyenneté, coïncidant chaque année avec la journée mondiale de la population et placé cette année sous le thème de la « santé maternelle », est organisé par l’agence de développement social le 10-11 juillet 2008 à l’hôtel Rivoli. Abdel Ali Moustour, président de l’agence de développement social se félicite de la présence du représentant du Haut Commissariat au plan (Abdélatif Ferrakh) qui « va nous donner l’état des lieux des politiques sociales dans notre pays ».Tout en souhaitant bonne année à tous les habitants de la planète pour cet anniversaire qui tombe le 11 juillet de chaque année, M. Moustour déplore la crise économique mondiale actuelle « malheureusement, les gens sont vulnérables à toutes ces turbulences de l’économie mondiale ». Au Maroc, ajoute le conférencier « malgré les avancées enregistrées, la crise a porté atteinte à la dignité humaine des Marocains et les relations interpersonnels au sein de la population se sont dégradées ».

Le représentant du Haut Commissariat au Plan aborde les politiques sociales du Maroc sous trois angles : celui de la démographie, de l’emploi, et des conditions de vie des populations marocaines.M. Ferrakh estime dans son exposé que « la famille marocaine s’est nucléarisé depuis la crise pétrolière, ce qui fragilise l’état de solidarité qui existait entre les membres des familles nombreuses d’avant ». La baisse de la fécondité de la femme marocaine a aussi été traitée par le cadre national qui a essayé de porter des réponses à ce phénomène qui selon lui « va avoir des répercussions sur les équilibres sociaux à venir ».Le phénomène des migrations va changer la donne démographique selon M. Ferrakh qui comme tout le monde a constaté « l’arrivé d’une population subsaharienne qui va forcément s’installer dans le royaume vu la fermeture de l’Europe et la continuation de l’immigration des Marocains vers le vieux continent ». M. Ferrakh s’est féliciter du passage du seuil du chômage au dessous des 10%, 9.6% exactement. Néaumoins « ce chiffre représente une vision globale du marché de travail national ; des efforts importants restent à faire pour améliorer le score de l’emploi des diplomés qui frôle les 30% ». Les conditions de vie des Marocains ont certainement progressé ces dernières décennies, mais des disparités restent criantes entre les milieux urbain et rural.
Ce qui ressort des chiffres donnés par le représentant du HCP est le taux dérisoire du budget de l’Etat concernant l’enseignement. En effet, l’Etat ne réserve que 6% du PIB (Produit Intérieur Brut) pour l’enseignement. Cet état de fait est alarment vu le taux d’analphabétisation dans notre pays qui avoisine les 42%, « un taux supérieur à nos voisins » ajoute M.Ferrakh.

Dr Ahmed Al Araki estime que le thème du forum « est un sujet civilisationnel ». Il a placé son intervention sous deux grands axes que sont les données qui rendent ce thème un sujet de l’heure, et la problématique posée et les solutions apportées aux défis.En effet, M.Al araki pense « qu’il n’y a pas de vérité absolue dans les chiffes. La logique des chiffres nationaux diffère de celle des institutions internationales comme la banque mondiale ».Il considère aussi que les responsabilités des acteurs sociaux sont très difficiles vu l’hégémonie des mécanismes de marchés. Le conférencier estime que le rôle de l’acteur social est de « créer l’action, non pas de regarder les autres acteurs en œuvre ». La crise mondiale actuelle « n’est pas tombé du ciel » selon le docteur ; « elle est la responsabilité collective de l’humanité ».
Le développement durable est selon le conférencier le futur des politiques publiques au Maroc. Vu par M. Larakli « il n’est pas logique de mettre en péril les besoins des générations futures en abusant dans l’exploitation énergies fossiles ». A titre d’exemple, 38% de la population asthmatique de Casablanca souffre du développement anarchique de la capitale économique du royaume ». Pour un développement harmonieux, il faut un « équilibre entre les données de développement existantes ». Il ajoute « on ne peut pas acheter la croissance, il faut la créer ».
Les deux conférenciers s’accordent à donner la primauté des données nationales sur les données collectées par les instances internationales car contrairement aux dernières, les premières prennent en compte la situation socioculturelle nationale.

Hors Texte :

Amélioration de la santé maternelle.

La mortalité maternelle est périnatale au Maroc a connu une forte baisse au cours de ces dernières années. Le taux de la mortalité maternelle à l’échelle nationale est de 228 pour 100000 naissances vivantes en 1997. Ce taux est inférieur à celui du milieu rural. Dans les zones rurales, le nombre d’accouchement surveillé est toujours faible. Ce qui fait que la lenteur qui réside dans le milieu rural, peut rendre difficile les objectifs du millénaire d’ici 2015. Beaucoup de difficultés sont rencontrées dans la réduction de la mortalité maternelle. Elle sont représentées comme suit :
- Faible qualité de prise en charge.
- Pratique traditionnelle et faible participation communautaire.
- Faible implication des Organisations Non Gouvernementales et du secteur privé dans l’offre de service de santé.
Dans une optique de réduire le taux de la mortalité maternelle d’ici 2015, l’effort du budget doit être augmenté vers les populations qui ont beaucoup besoins et on doit porter les actions dans le domaine de l’infrastructure, la dotation des médicaments essentiels qui procurent des soins de santé de la mère et le développement des moyens de transport, le renforcement du personnel en nombre et en qualité (chirurgien, sage femmes concernant les risques et les complications liées à la grossesse et à l’accouchement, et l’implication des partenaires potentiels non gouvernementaux (société civile, ONG). L’environnement de la santé maternelle devient plus favorable par la collaboration des organisations internationales pour améliorer la santé de la mère et réduire au mieux le taux de la mortalité périnatale.

La haute saison chez les bouquinistes

Société/ Bouquinistes

Démocratiser l’accès aux livres

Bouillon de culture

Labhaira qui signifie potager mérite bien son surnom : on y trouve effectivement toutes les cultures nutritives, tant pour le corps que pour l’esprit. Des fruits et légumes côtoient des livres anciens que le lecteur averti ne trouvera qu’ici. Ce vieux quartier de Casablanca jadis (au début du siècle) réservé aux autochtones au plein centre de la ville européenne est aujourd’hui aussi un bouillon de toutes les cultures : on y trouve des manuels scolaires pour tous les âges et tous les cycles de formation ainsi que les best seller de la littérature mondiale. Quelque soit pour le secteur privé ou le secteur public, ne cherchez plus le livre rare car sa seule adresse est Labhaira de Casablanca. C’est avec un beaucoup de nostalgie que Abderrahim Meddoun, membre de l’association des bouquinistes de Casablanca nous parle de l’historique de ce lieu inédit «Labhaira était limitée au nord par le boulevard el hansali, à l’ouest par le boulevard el Mouahhidines, dernier rempart avant le majestueux Océan Atlantique, et à l’est par la fameuse avenue des FAR, et au sud, par la place de la concorde. Et d’ajouter «En plus des meilleurs bouquins, nous trouvions sur place les meilleurs mets traditionnels et gastronomiques, les meilleurs habits de mode et anciens, les auberges pour étudiants et jeunes de toutes nationalités». L’orateur renchéri «Dans les années soixantes et soixante dix, Labhaira était le centre névralgique de la capitale économique du Maroc, c’est le coin le coin le plus historique de la ville avant même les Habous». Abderrahim ne s’arrête pas là pour faire les louanges de son quartier préféré «la renommée de ce lieu de culture et de convivialité dépasse les frontières de notre pays». En effet, les bouquinistes de la capitale économique ont profité du prestige de ce lieu mythique pour fonder leur association en 1966. Selon Abderrahim Meddoun, le but de ces bouquinistes était de promouvoir la culture en générale et faire prendre conscience aux citoyens de l’intérêt du livre. Toujours d’après Abderrahim, l’autre motivation de ces professionnels du livre, majoritairement analphabètes au début, était de créer une atmosphère d’entraide entre eux pour améliorer leurs situations économiques et sociales.
Autrefois Labhaira attirait tous les mordus du livre de tout le Royaume et même du monde entier. Aujourd’hui, avec la mondialisation, l’Internet, et le changement des valeurs des jeunes qui préfèrent les CD et autres gadgets à la lecture, il faut un effort de mobilisation de l’électorat afin de redorer le blason de ce quartier historique de Labhaira. Abdrrahim Meddoun est totalement conscient de cet effort qui va selon lui donner un souffle nouveau à la production culturelle nationale «Nous sommes totalement mobilisés au sein de notre association derrière notre président Youssef Bourra afin de faire des expositions de livres une priorité». Et d’ajouter «Nous devons redoubler d’efforts afin de nous rapprocher de notre clientèle cible que représentent les couches modestes de notre société». Dans le registre des manifestations de l’association des bouquinistes de Casablanca à venir, Abderrahim Meddoun précise «Nous préparons en collaboration avec nos confrères de place Serraghna une exposition au grand public que nous voulons garder comme une habitude annuelle en cas de la réussite de la première édition». Le moins que nous puissions souhaiter à ces «moudjahiddines» de notre nouvelle ère est une réussite de leur initiative prochaine car la société toute entière à besoin de leurs lumières.




Hors texte :


Des clients passionnés de linguistique
et de philosophies orientales.

Ce qui se vend le mieux d’après Abderrahim Meddoun ce sont les sciences sociales. D’après lui, «il y a un engouement pour la philosophie, la sociologie, à l’éthnologie, et surtout à la linguistique». Et d’ajouter « il y a quelques jours, j’ai eu une commande très importante des ouvrages d’Ibn Khaldoun de la part d’une école privé ; ces écoles privés qui représentent notre meilleure clientèle». Et d’ajouter « J’ai eu un jour quelques centaines de livres de philosophie et de linguistique. Je les ai vendus en moins d’une semaine !»
La curiosité intellectuelle de ses clients est sans frontière. Les philosophies orientales, comme tout ce qui touche à l’ésotérisme, au mystère, restent un très bon créneau : yoga, taoïsme, bouddhisme. « Les livres loin de la culture traditionnelle, voire en rébellion avec elle, fascinent» a pu observer le bouquiniste.
A contrario, on observe chez ces lecteurs, une véritable recherche sur l’identité marocaine, le passé du Maroc. C’est ainsi que « les Marocains sont très friands actuellement d’ouvrages écrits par les Français durant la période du protectorat sur leurs mœurs, estimant, à tort ou à raison que ce travail n’a pas été fait sérieusement par les Marocains eux-mêmes » ajoute Abderrahim.
En littérature, les goûts à Casablanca obéissent d’après notre bouquiniste à des règles souvent mal définies. « Marcel Pagnol se vend très bien et Marcel Aymé pas du tout !» Toujours selon lui, bons ou mauvais, les best-sellers Weber, Coehlo, Stephen King restent rarement longtemps en rayon. Les auteurs maghrébins séduisent toujours : Chraïbi, Khattabi,etc, et répondant certainement à un goût d’exotisme, les auteurs japonais et sud américains, de Garcia Marquez, Vargas à Mishima passionnent. « J’ai d’ailleurs une forte demande concernant la Chine et tout l’Extrême orient surtout en ces temps des jeux Olympiques de Pékin.

Controverse autour de la nuit de doute

Société/ Ramadan

À une semaine du début du Ramadhan

Controverse sur la nuit du doute

Mohand Mellal*


Le ministère des Habous et des Affaires religieuses doit confirmer, dans un communiqué très attendu, que la nuit du doute coïnciderait avec le 31 Août 2008.
Le ramadan débuterait le 1er septembre prochain, car même si la jonction de la lune a lieu le 30 Août, elle sera néanmoins invisible ce jour-là. Selon les calculs de l’observatoire astronomique de Rabat dirigé par Hamid Touma, la lune se couchera à 18h56 lors de la journée du doute, bien avant le soleil qui, lui, disparaître de 19h à 19h02. Cela posera une problématique pour le jour de l’aïd, car la lune sera cette fois aussi invisible durant la nuit du 1 octobre puisqu’elle se couchera 10 minutes avant le soleil, à savoir à 18h10. Cela donnera un calendrier lunaire quelque peu faussé : les mois de Chabane et de ramadhan comporteront tous les deux 30 jours, ce qui est exceptionnel.
Cette problématique vient encore une fois alimenter le débat qui oppose depuis des lustres, les adeptes de la méthodologie scientifique aux ulémas défenseurs du dogme le plus radical en Islam. Si pour les premiers, les progrès scientifiques atteints, aujourd’hui, permettent aisément d’établir longtemps à l’avance un calendrier lunaire et de préciser avec exactitude les dates des fêtes religieuses, il n’en demeure pas moins que pour les ulémas, la science à beau réaliser des miracles, la sunna (la vie du prophète) reste le seul repère de tous les musulmans. Ces derniers doivent ainsi respecter la sunna et le Coran et ne jeûner qu’à la vue du croissant lunaire, et c’est la même chose pour le jour de l’Aïd El-Fitr. Au lendemain de l’indépendance, les dirigeants de notre pays avaient opté pour les calculs scientifiques quant à l’établissement du calendrier lunaire et cela permettait une meilleure gestion des affaires économiques notamment. Les chefs d’entreprise et les travailleurs pouvaient ainsi s’organiser et ceux qui habitaient loin prenaient leurs dispositions pour être chez eux le jour de l’Aïd surtout.
L’apparition de l’islam politisé a remis en cause cette manière d’opérer et pour les tenants de cette mouvance, toucher, aux recommandations du coran est perçu comme une offense à la religion.
Depuis, à chaque veille du Ramadan, les Marocains sont collés à leur poste de télévision, guettant la moindre information sur la “vue” ou non du croissant lunaire. Pour les scientifiques et, parmi eux, certains ulémas tolérants, cette méthode est certes dictée par le coran, mais “voir” n’est pas à prendre aux sens le plus aigu, car, pour eux, les calculs scientifiques sont une sorte de vision cartésienne. Pour les défenseurs de la nouveauté, les horaires de prières ne sont plus établis de nos jours par des méthodes archaïques et approximatives comme au temps du Prophète, mais grâce à des horloges atomiques de très grandes précisions.
Pour cette frange d’ulémas, il n’y a même pas lieu de discuter sur la faisabilité des calculs astronomiques, et ils citent comme exemple l’éclipse solaire de 1999, prévu par des calculs établis en 1947. “Cette éclipse a eu lieu à la date et à l’heure annoncées, dans les régions du monde nommées avec précision, 42 ans auparavant. Ce n’est pas les dates du début et de la fin de chaque ramadhan qui poseraient problème aux scientifiques. Pour le moment, le débat reste ouvert, et, au jour d’aujourd’hui, les tenants de l’islam radical semblent l’emporter mais des failles commencent à apparaître”.
En effet, plusieurs pays du Golf ont opté pour le week-end semi-universel (vendredi et samedi) à la place du week-end musulman (jeudi et vendredi). Cette brèche est perçue par certains comme étant le début du déclin de l’hégémonie de l’idéologie radicale sur la pensée scientifique en terre d’Islam. Cette mini-révolution n’est pas à prendre à la légère, puisque les responsables politiques des pays musulmans commencent à ressentir les effets économiques (pertes d’argent), incombant essentiellement à l’adoption du week-end musulman, voilà une quarantaine d’années. N’étant pas les maîtres du monde, ils constatent que leurs institutions financières ne travaillent que 3 jours par semaine (lundi, mardi et mercredi), les autres jours sont chômés en terre d’islam et dans les pays occidentaux. C’est pourquoi ces mêmes responsables semblent décidés à donner un coup de pied dans la fourmilière, et pour cela ils préfèrent la méthode douce, faite de changement à dose homéopathique.
Toujours du coté du Golf, et cette fois ci émanant de la plus haute autorité religieuse en terre d’Islam, une Fatwa vient d’être émise par Chikh Salah Al Fouzan d’Arabie Saoudite. Cette dernière fatwa stipule, selon le Mufti cité auparavant, qu’il est permis aux musulmans de jeûner selon les calculs scientifiques donnés par les centres d’observations astronomiques éparpillés un peu partout à travers le globe. Voici donc une action qui va, peut être, permettre d’enlever le voile sur cette controverse de nuit de doute qui n’est pas née de la dernière nuit…

Hors Texte :

Fleuron technologique dédié aux sciences de l’espace

Construit sur un terrain de 5 hectares, l'Observatoire astronomique de Rabat s'inscrit dans un cadre scientifique qui comprend également un Planétarium. L'Observatoire astronomique de Rabat est ouvert à tous ceux qui voudront faire avancer les sciences de l'espace, notamment l'astronomie au Royaume.Inauguré le 5 mars 1999 en présence de diverses autorités académiques et personnalités locales, la construction de l'Observatoire astronomique de Rabat est en premier lieu le résultat d'une fructueuse participation de plusieurs donateurs nationaux.
Pour l'équipement, l'Ambassade de France à Rabat a offert à l'Observatoire astronomique de Rabat, dans le cadre d'un accord culturel, scientifique et de coopération, un télescope. Ce télescope, de type Newton, avec un miroir de 510 mm de diamètre, est placé sur une monture équatoriale motorisée pour compenser la rotation de la Terre. Son poids est de 900 kg, et sa longueur est de 2 mètres 20 cm.
L'Observatoire astronomique de Rabat est situé sur un plateau de 400 mètres d'altitude à proximité du barrage sidi Mohammed ben Abdelallah de Rabat, soit à peu près 24 km Sud-Est de la capitale du Royaume. C'est dans un contexte harmonieux, que les responsables de l’observatoire astronomique de Rabat invitent leurs visiteurs à découvrir le monde des étoiles et des planètes. L'Observatoire astronomique de Rabat, est consacré à l'éducation populaire, à la culture scientifique en astronomie et à l'éveil des jeunes aux sciences et aux technologies liées à l'espace. L'Observatoire astronomique de Rabat est aussi destiné à l'enseignement sous gradué, pour des travaux de recherche scientifique en astronomie, et pour la vulgarisation des sciences de l'espace.



*Journaliste stagiaire

Les Harraga: entre délinquence et quête de l'Eldorado

Société/ Emigration clandestine

La saison estivale ou le pic des nouveaux boat people vers l’Europe

Les harraga : entre délinquance et quête de l’eldorado européen

Mohand Mellal*


De nombreux Marocains sont déterminés à quitter le pays. Les cadres sont aspirés par l’Amérique du Nord et les étudiants partent pour des post-graduations en Europe pour ne plus revenir. Ces continents les accueillent avec empressement parce qu’ils veulent se repeupler, et tant qu’à faire, autant que ce soit avec des jeunes gens diplômés. Les sujets sans qualification, grandes victimes de la mal vie et « laissés-pour-compte », tournent leur regard vers un Occident mythique qui ne veut pas d’eux, et rêvent. Leur rêve et leur vie sont ailleurs. Un ailleurs inconnu mais imaginé, fantasmé. C’est pourquoi ils veulent quitter le pays, se «casser d’ici», même au péril de leur vie. Pour où n’a aucune importance. Le sésame (le visa) est, pour ces personnes, impossible à obtenir. 60% des harraga ont demandé, au moins une fois, un visa qu’ils n’ont pas obtenu. Alors, ils tentent l’inimaginable. La « harga ». Voici un passage à l’acte qui survient au bout de la désespérance. Quelle signification donner à ce comportement, la harga ? Quelle lecture faut-il en faire ? D’aucuns pensent, les médias en ont maintes fois fait allusion, qu’il peut s’agir d’une conduite suicidaire. D’autres évoquent un comportement qui s’inscrit dans le registre de la délinquance. Nous pensons en particulier aux pouvoirs publics qui argumentent cette hypothèse. D’autres enfin imaginent dans la signification de ce passage à l’acte extrême, la volonté et le désir de vivre, une quête de bonheur. Ce comportement, la harga, ira en prenant de l’ampleur parce que de plus en plus de jeunes, et de moins jeunes d’ailleurs, émargent chaque matin au désespoir et à l’humiliation. La pauvreté et la misère sociale sont bien sûr les principales motivations invoquées par les candidats à l’émigration clandestine, pour justifier cette démarche. Les jeunes Marocains, il est vrai, sont particulièrement exposés et de façon « chronique » aux problèmes de la vie. Nombreux sont ceux qui font très tôt l’expérience de la galère.
Exclus de l’école, sans métier, ils se retrouvent dans la rue. Environ 400 000 élèves quittent chaque année l’école. 15% environ de ceux qui sont inscrits dans les centres de formation professionnelle abandonnent et nombreux (estimés à 40%) sont les étudiants qui laissent tomber leurs études universitaires. Tous ceux qui sont rejetés par le système scolaire viennent grossir le contingent des personnes qui sont déjà dans la rue et/ou les files d’attente sur le marché du travail. Il n’y a pas de travail. Le jeune Marocain sait qu’il n’en aura peut être jamais. Autour de lui, ses frères et sœurs, ses voisins, ses amis, tous sont dans la même situation.
L’avenir lui apparaît bouché. Avoir un logement, une voiture, des loisirs, pouvoir voyager... tout cela est impossible. La misère le guette, il en a la certitude. Les frustrations sont quotidiennes et les conduites toxicomaniaques constituent souvent les seuls moments d’évasion. Haschich, alcool, psychotropes ...etc. sont les moyens utilisés pour oublier et/ou pour trouver le bien-être et le bonheur, aussi fugaces soient-ils. Partir au plus vite de ce pays constitue alors « la solution » et la seule perspective d’avenir. Toutefois, la misère sociale et le chômage ne sont pas les seuls responsables de la détermination des sujets à « se jeter à la mer ». Nous pensons que ces raisons sont les moins importantes. Les jeunes Marocains ont soif de vivre. Ils sont au chômage, ils sont pauvres. Mais ils mènent aussi une vie de privation de toutes choses. Il n’y a pas de cinéma, le cinéma fait rêver. Il n’y pas de possibilités de faire du sport, le sport crée des liens et les renforce, le sport est source de détente, d’apaisement et d’épanouissement. Il n’y a pas d’espaces culturels, le théâtre et la mise en scène permettent au génie populaire de s’exprimer, de réduire les tensions intérieures et les tensions entre les’ individus. Le théâtre donne l’illusion de la liberté.
La musique adoucit les mœurs. C’est là une vérité qui ne trouve pas de prolongement dans le quotidien des jeunes de notre pays. La misère culturelle, fait encore plus de dégâts que la misère sociale. Que font les ministères de la Jeunesse et des Sports et celui de la Culture. Le premier est un ministère du « football ». Les ministres successifs qui ont occupé ce portefeuille n’ont eu que le souci de cette discipline sportive. Même de ce côté-là, il faut le dire, les résultats sont lamentables. Les stades sont devenus des arènes et les compétitions de foot sont, pour les jeunes, une occasion pour crier leur désespoir et exprimer dans la violence la haine qu’ils éprouvent pour les pouvoirs publics et la société. Les émeutes « sportives » habituelles à Casablanca entre les frères ennemis du Raja et du Wydad sont là pour nous le rappeler. Pour le département de M. Naciri, ce n’est pas rose non plus. La politique des festivals du ministère de la culture est décriée par les jeunes qui la trouve très loin de leurs vraies préoccupations.

Hors texte :

Quand la Harga est devenue le moindre mal pour la société…

Voici fabriqué le terreau où se recrutent tous les comportements extrêmes. La harga en est un. Sans doute, le moins dangereux de tous pour la société. Le citoyen marocain, en particulier le jeune, parce que plus vulnérable, est dans une impasse. Il a le sentiment que ses compétences sont inutiles et que ses initiatives sont impossibles. Il souffre parce qu’il n’a pas la possibilité de faire des choix et d’exercer son libre arbitre. Il est malheureux parce qu’il a forgé la certitude qu’il n’aura jamais l’initiative sur son destin et qu’il ne pourra pas se réaliser dans son pays. Il est désespéré parce qu’il a conscience que son bien-être n’est pas la préoccupation des pouvoirs publics et que ces derniers n’ont pas de projet pour lui. Pris au piège, le sujet tente de s’en sortir. L’un se réfugie dans la drogue pour oublier, l’autre se jette à l’eau pour s’en aller, le plus désespéré met fin à ses jours. Toxicomanie, suicide, harga mais aussi émeutes récurrentes et recrutement terroriste, sont des comportements extrêmes et des signaux sociaux qui alertent, de toute évidence en vain, les décideurs de ce pays. Les jeunes qui ont choisi de partir ont le désir de vivre. Ils sont les plus déterminés et les plus aptes à réussir même si d’aucuns considèrent qu’il s’agit là d’une entreprise suicidaire. Certains journalistes n’ont pas hésité à qualifier ce comportement de suicide collectif. Ils pourraient être dans le vrai. Pourquoi ? Parce que le risque pris par ce projet migratoire est trop grand et que l’idée de rencontrer la mort durant le voyage semble une donnée intégrée et acceptée. « L’espoir est ailleurs, seule la mort nous en dissuadera » ou encore « Je préfère finir dans le ventre d’une houta plutôt que dans celui d’une douda ». Dans les deux cas la mort est au rendez-vous. Ces propos tenus par des récidivistes de l’émigration clandestine sont significatifs de l’état d’esprit dans lequel se trouvent les jeunes Marocains, ils témoignent de leur détermination à prendre le risque.

* Journaliste Stagiaire