Société/MRE
Séjours des MRE au Maroc : Attentes et revendications
Nul n’est prophète dans son pays
Nous les appelons les MRE, les RME, les « zmégra », les quelques trois millions de citoyens résidents à l’étranger ont, à tout moment, le pays dans leurs cœurs et n’hésitent pas un instant quant à leur destination de vacances : le Bled ! «Nous nous posons même pas la question concernant le lieu de nos vacances d’été, c’est l’appel du pays qui nous guide», affirme Noura, une femme MRE à Pantin, en banlieue Parisienne. Les attentes de nos RME sont, certainement, grandes pour passer des vacances agréables chez eux. Mais, la question qui se pose ; peuvent ils prétendre à leurs rêves ? Leurs pouvoirs d’achats est-il en mesure de leurs offrir la détente tant attendu ?
La femme de famille de 4 enfants ne cache pas sa déception en abordant les manques d’infrastructure de base, et de sécurité dans nos villes. Tout comme la plupart de ses compatriotes vivant hors du pays, Noura pense que « les endroits paisibles, propres, et à notre portée sont rares et chers. Les hôtels de luxe et les sites touristiques sont toujours pleins à craquer. Et il ne nous reste que les plages et les piscines qui sont envahies par les lèves tôt». Ces opinions ne vont certainement pas plaire à nos responsables touristiques qui ne lésinent pas sur les moyens, à longueur d’année, en utilisant les dirhams du contribuable pour justement faire la promotion de notre secteur touristique et la destination Maroc.
Malgré les efforts consentis par les pouvoirs publics, le constat est là : «Je trouve ça indécent que nos responsables comptent chaque année sur nos devises péniblement gagnés sans aucune contrepartie». Renhèri Nouara. Nos voisins du palier et d’autres touristes européens ont des avantages et des privilèges que nous n’avons pas en venant au Maroc. Déplore le Khalid, le mari de Noura. Hamid, un MRE résident à Bologne, en Italie lui emboîte le pas «Pour les touristes Italiens visitant le royaume, qui passent deux à trois semaines de vacances dans un complexe touristique à Marrakech, Agadir, ou Ouarzazate, dans le cadre d’un voyage organisé, leurs factures ne dépassent rarement les cinq mille dirhams. Un tout autre Marocain, MRE ou pas, dans les mêmes conditions et pour les mêmes services, aura à débourser au moins trois fois plus cher que le touriste étranger». Malheureusement, cet état de faits est vérifier sur le terrain puisque la plupart des étrangers bénéficient de divers offres des agences de voyages auxquelles les nationaux n’ont pas accès dans le cadre de la grande politique nationale encourageant le secteur touristique et la vision Royale 2015. » Même pour les très intéressants rabais des compagnies low cost du et vers le Maroc, ces mêmes compagnies chartes ont un partie flagrant pour les passagers européens. « Pour nous, c’est toujours plein ! », déclare Moha, un MRE résident à Bruxelles.
Nul n’est prophète dans son pays, dit le proverbe. Cet adage populaire est plus qu’une réalité dans le cas des RME ; eux qui ne sont jamais avars quant il s’agit de dépenser leurs devises dans leur pays. De leur coté, les responsables du tourisme national minimisent les craintes de nos compatriotes vivants à l’étranger. « Nos clients sont traités de la même façon, qu’ils soient nationaux ou étrangers», affirme Hacène, gérant d’une agence de voyage sur une grande artère de Casablanca. Et d’ajouter : «Durant la période estivale, il est très difficile de satisfaire tout les vacanciers. Les clients sont très nombreux à solliciter nos services, et souvent leur nombre est très supérieur à nos capacités d’accueil». Néanmoins, Hacène ne cache pas l’amère réalité du quotidien de nos MRE chez eux « maintenant, je n’exclus pas qu’il y a des MRE mécontents pour refus de service de l’un des employés. Il faut bien appliquer les lois en vigueur surtout quand il s’agit des mesures de sécurité, l’état d’ivresse ou des clients accompagnés des filles de joie, etc.» L’haj Si Mohamed, le propriétaire de l’agence explique la chose avec diplomatie «l’alcool et les filles sont des problèmes récurrents avec les jeunes MRE qui sont habitués à d’autres façons de vivre en Europe ; ce qui est interdit dans notre religion et dans notre pays».
Nouara et son mari Khalid ne sont pas de cette catégorie qui passe ses journées dans les clubs privés et à chaque soir «squattent» dans les bars et discothèques. Le couple MRE de la banlieue Parisienne réclame des endroits d’accueil à leur portée. «Nous bossons comme des dingues toute l’année pour pouvoir nous offrir des bonnes vacances en été ; ce n’est pas possible de dépenser toutes nos économies dans quatre semaines chez nous. En plus, chaque année les prix augmentent». Nos responsables sont irrités d’entendre les arguments posés par nos RME. Ils renvoient la balle aux responsables politiques «Ce problème dépasse nos prérogatives et compétences. C’est au gouvernement de trouver une solution à cette problématique». Et pour justifier les différences des avantages entre MRE et touristes Européens, un directeur d’une agence de voyage sur l’avenue des FAR affirme « si j’étais MRE, je profiterais des offres ouvertes aux étrangers dans le cadre des voyages organisés. Rien, ne les empêche d’en profiter».
Hors Texte :
Il est à rappeler que des milliers de MRE et de plus en plus d’Algériens résidents à l’étranger bénéficient des offres offertes par des tours opérateurs installés à l’étranger. Une fois au Maroc, nos MRE sont dans des hôtels bien classés comme les touristes Européens. Le programme touristique bien garni leur permet de découvrir des coins sympas, aller en boite tous les soirs et profiter des plages privées, sans interdictions. Bref, ils sont bien servis comme en Europe. La seule chose qui leur manque, c’est la famille nombreuse : les oncles, tantes qui ont l’habitude de les attendre avec impatiente à ce moment de l’année.
Pour Nouara et Khalid, comme il est le cas de la plupart des MRE, «la famille c’est tout simplement sacré ». Les yeux de Khalid pétillent au moindre fait de parler des vieux, des oncles et tantes laissés au pays. Nouara ajoute «Nous nous pouvons pas voyager nulle part sans toute la famille ; nous nous préoccupons pas du prix du moins qu’ils soient abordables». Et d’ajouter «c’est pour cette raison que nous revendiquons des nouvelles politiques ; celles susceptibles de répondre à un tourisme à la Marocaine, des familles nombreuses». Khalid qui est originaire de la région montagneuse de Tafraout ne manque pas l’occasion de prodiguer des conseilles pour nos responsables du secteur de tourisme «il faut installer des campings, construire des aires de jeux et de loisirs dans nos belles montagnes pour faire démarrer un tourisme rural que notre pays a vraiment besoin».
Enfin, espérons que les appels de Nouara, Khalid, Hamid, Moha, et autres MRE soient entendus par de bonnes oreilles car, avant tout, c’est l’amour du Maroc qui fait réagir nos RME avant toute autre prestation ou service dont ils ont bien sûr le droit.
lundi 25 août 2008
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