lundi 25 août 2008

L'armistice n'est pas pour demain sur nos routes!

Société/ Transport

Le code de la route et le reste

L’armistice n’est pas pour demain !

Mohand Mellal

La route continue d’allonger son funeste bilan, d’année en année. Il n’y a pas un jour qui passe sans que les médias annoncent des accidents toujours, à la fois, plus graves et spectaculaires. Le mois dernier, Karim Ghellab, ministre de l’Equipement et du Transport lors d’une conférence tenue au Mégarama de Casablanca a fait référence, encore une fois, à la question de la révision du code de la route. Et pas seulement, heureusement : le représentant de la Gendarmerie royale a tenté une approche plus intégrée du problème de circulation en rappelant que le port de Casablanca, par exemple, déverse 70% de la marchandise importée dans le centre-ville et que les parkings manquent désespérément.
Mais l’officier trouve que le code actuel n’est pas suffisamment répressif contrairement aux automobilistes qui redoutent déjà un nouveau code plus « musclé ». Pourtant, n’est-ce pas qu’il vient d’être réformé depuis mars 2005 ? Ce qui est récent. De plus, des mesures élargissant les cas de retrait de permis de conduire ont été récemment prises, mesures normalement dissuasives pour des automobilistes qui, parfois, ont un rapport toxicomaniaque à la conduite.
Peut-être alors que le code de la route pèche par ce qu’il renferme comme système de répression que par la manière dont il est appliqué. En observant la manifestation concrète de la mission de répression des infractions au code de la route, on constate, en premier lieu, une traque sélective des infractions.
En ville notamment, la posture même de l’agent, se tenant en milieu de chaussée, face aux véhicules qui arrivent renseigne sur sa cible de prédilection : le téléphone mobile et la ceinture de sécurité. Le maniement de l’un et l’omission de l’autre sont visibles de loin chez un automobiliste en approche. En second lieu, sont pourchassés, par les véhicules de ronde, les arrêts et stationnements interdits. Et ce n’est pas ce qui tue le plus, même si cela gêne.
C’est dans les périphériques, où des chauffards s’adonnent à la cavalcade, et non dans les avenues centrales encombrées, que des vies se jouent. C’est aussi la nuit, quand les boulevards sont libérés aux rallyes de pilotes improvisés et grisés plutôt que le jour où les bouchons les contraignent à réduire l’allure, que sûrement survient le plus grand nombre d’accidents.
Sur les “autoroutes”, la vitesse est quasiment libre, malgré ces mystérieux radars fixes, mis en place il y a deux ans par le ministère cher à Karim Ghellab, et qui ont fait parler de leur arrivée plus que de leur effet dissuasif. Il nous reste à espérer que les radars mobiles distribués par le jeune ministre de l’Equipement et du Transport sous les flashs des photographes fassent mouche là où leurs illustres prédécesseurs radars fixes ont pêchés.
La nécessité de se rabattre sur la voie de droite à chaque fois qu’elle est libre est une règle aussi étrangère que le chinois pour la quasi-totalité des automobilistes nationaux. Son mépris provoque son cortège de dépassements par la droite à la vitesse et les conséquences qu’on ignore. Le résultat en est qu’objectivement, ces rodéos sur autoroutes transformées en arènes sont plus tolérés que l’usage d’un téléphone portable dans une ruelle embouteillée ! La prédilection pour les barrages fixes au détriment de la surveillance mobile fait que ce désordre en mouvement est très répandu entre deux points de contrôle fixes. Et c’est peut-être ces no man’s lands routiers que constituent certains tronçons qui font le plus de victimes.
Revoir encore le code de la route ? Peut-être. Revoir la manière de l’imposer ? Probablement. Mais revoir aussi l’environnement du transport, en termes d’aménagement du territoire et d’aménagement urbain, et de qualité des routes, c’est certain.
Hors texte :

Accidents de circulation :
Aggravation des paramètres en 2007 et durant les cinq premiers mois de 2008

L’année 2007 a enregistré 58.924 accidents de la circulation qui ont causé la mort de 3.838 victimes, en augmentation de 2,24% par rapport à 2006, et la blessure de 89.264 personnes, dont 12.406 blessés graves.
La tendance à la hausse s’est confirmée durant les cinq premiers mois de l’année 2008. Le nombre d’accidents a augmenté de 13,69% et celui des tués de près de 14% par rapport à la même période de l’année dernière. Le nombre de blessés graves a enregistré également une hausse de 10.38%.
Globalement, on peut considérer que la stratégie de lutte contre l’insécurité routière est en mesure de donner des résultats, puisque l’objectif de stabilisation des nombres des tués est atteint. En effet, ce nombre en 2007, malgré l’augmentation enregistrée, reste inférieur à celui de 2003, année de référence pour la stratégie.

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