Contrairement aux trois dernières années estivales, le drapeau signalant le label Pavillon Bleu est introuvable sur la plage de Ain Diab. Ce Label qui fait la fierté des plages distinguées par cette distinction internationale est tout simplement invisible « à l’œil nu » aux alentours de la plage. Est-ce une prémisse de la remise en cause de la notoriété de la plage « la source des chacals » ou tout simplement un oubli comme nous le dit Rachid, un employé de nettoyage de la commune de Casablanca. C’est peut être aussi l’euphorie du vainqueur qui s’estompe pour laisser la place aux incertitudes du perdant ?
Voila donc déjà quelques années que la plage de Ain Diab a reçu le Label Pavillon Bleu. Cette distinction qui consacre une volonté de se conformer aux normes internationales avait été possible grâce à cette action de longue haleine menée par la Fondation Mohammed VI pour la préservation et la sauvegarde de l’environnement. Garant d’une bonne qualité environnementale, le Pavillon Bleu, une fois hissé sur la plage, véhicule une image positive et dynamique auprès des résidents et touristes. Il constitue également un vecteur de marketing territorial permettant à la plage primée de se distinguer et de devenir plus attractive sur le plan touristique. Le renforcement de l’arsenal réglementaire et institutionnel à travers la promulgation de certaines lois relatives notamment à la gestion des déchets et à la protection du littoral, la réduction des sources de pollution, le renforcement des infrastructures et des mesures de sécurité.
Le programme Plages Propres initié sous la présidence effective de S.A.R. la Princesse Lalla Hasna et qui avait pour objectif d’améliorer la qualité des installations et favoriser l’hygiène et la propreté des plages, a permis à la plage chère aux Casablancais d’être aux normes. Toutefois, comme cette distinction est remise en cause annuellement, la plage la plus populaire de la capitale économique doit continuellement œuvrer pour mériter son précieux sésame. Mérite t-elle vraiment son « trophée » ?
Selon la FEE (Fondation pour l’éducation à l’environnement), l’organisation internationale non gouvernementale qui gère le Label Bleu, ce dernier est attribué sur une base volontaire, annuelle, positive et évolutive, à partir de 4 grandes familles de critères : la qualité de l’eau, l’éducation environnementale et information, gestion environnementale, sécurité et services.
Comme chaque année à la même période, le palmarès des plages du Maroc vient d’être rendu public. Le ministère de l’Equipement et des Transports et celui de l’Aménagement du territoire, de l’eau et de l’environnement viennent en effet de dévoiler les conclusions du rapport sur l’état des plages pour la campagne estivale 2007-2008. Et comme à l’accoutumée, le classement du rapport fera des heureux et des malheureux.
Forte de sa réputation gagnée par sa reconnaissance internationale, la plage « la source des chacals » fait partie du gotha des lauréats. Selon Mohamed, lieutenant de la protection civile, responsable à la même plage « cette année, les résultats sont plus que rassurants. Le département de l’Environnement a annoncé que plus de 92% des plages sont propres à la baignade, une amélioration notable par rapport aux années précédentes, où certaines plages, comme celles de Mohammedia, Rabat-Salé, Tanger, ont frôlé la cote d’alerte, à cause de la nocivité des rejets domestiques et industriels, mais aussi du manque flagrant dans les infrastructures d’hygiène. Pour ce qui nous concerne, la qualité d’eau est irréprochable car il n’y a pas de déversement sur ce site».
Ce qui est frappant en déambulant sur l’immense trottoir du boulevard de la corniche est le manque de panneaux d’informations relatifs aux différents sites naturels que peut targuer d’appartenir la plage de Ain Diab. Même le site Sidi Abdelrahman n’est pas mis en valeur malgré l’engouement qu’il peut susciter auprès des visiteurs. Quand aux actions, combien importantes, de sensibilisation à la protection de l’environnement et à l’affichage des animations environnementales ; elles sont tout simplement aux abonnés absents. D’après Youcef, un agent de nettoyage rencontré sur l’artère principale, « les responsables n’ont juste pas encore pensé à ce genre de panneau qui peuvent nous facilité notre travail ».
Le site est d’une beauté à couper le souffle. Son exploitation abusive ne permet pas de faire profiter de la magie de ses espaces. Hamid, un estivant habitué à la plage de Ain Diab nous relate le calvaire qu’il a rencontré avec sa petite famille le dimanche « il y a tellement de monde, que c’est impossible de trouver une place où mettre sa serviette. Il fallait trois plages comme celle-ci pour contenir tout le monde qu’il y avait. Les actes de violence juvénile sont omniprésents ; ce qui met tout le monde dans un climat d’insécurité permanente. On a fini par rentré chez nous au lieu d’être concentré ici comme des sardines ». Le manque d’espaces verts est criant sur cette plage qui rassemble des familles qui ont besoin de ces endroits propices à la détente.
Une chose qui fait vraiment plaisir en se rendant dans cette plage de Ain Diab est la propreté de la plage ainsi que l’artère commerciale qui borde le boulevard de la corniche. En effet, trois équipes d’employés dévoués à la propreté du site se relaye trois fois huit pour garder la plage propre à tout moment de la journée. Khalid, un agent de nettoyage nous explique : »chacun des 25 employés mobilisés a la responsabilité d’une section de la plage ». il ajoute concernant les conditions de travail « c’est vraiment difficile car les gens nous facilite pas la tache en jetant leurs déchets n’import où ».
Hors Texte :
La sacro-sainte sécurité !
Tout le monde s’accorde à dire que la première préoccupation de tout organisateur d’évènement ou de réunions publics est sans doute la sécurité. Selon Mohamed, un habitué de la plage de Ain Diab qui témoigne avec une sincérité rare, « il y a un manque flagrant dans le domaine de la sécurité. J’assiste à des bagarres tous les jours que dieu fait. Ce sont des scènes habituelles qui appartiennent au décor. Les quelques flics qu’on peut compter sur les doigts d’une seule main ne peuvent pas répondre aux besoins de sécurité d’une plage comme la notre. Il faut aussi des éducateurs pour encadrer les hordes d’adolescents non accompagnés d’adultes car ils sont les principaux acteurs de la violence juvénile répondue ici. Il y a aussi un manque de maîtres nageurs qui sont souvent débordés devant le non respect des baigneurs des normes de sécurités usuelles. Rachid ajoute avec nostalgie « Pour redonner à cette plage sa place qu’elle mérite parmi les plages les plus prisés du pays, il faut un travail de fond en matière de sécurité sans parler des autres secteurs ». Il est à noter que les services de protection civile de la plage de Ain Diab dispose de deux Zodiacs, deux moto marins, d’un véhicule tous terrains de type 4*4, d’un quad, d’une ambulance, et les services d’un médecin.
lundi 25 août 2008
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