Société
Migration clandestine
Le cas des mineurs non accompagnés
Placer l’intérêt de l’enfant avant les exigences des politiques publics de lutte contre l’immigration clandestine
« La migration des mineurs n’est ni un phénomène récent, ni un phénomène isolé », c’est l’une des conclusions de l’intervention de Joaquin Eguren, au 1er colloque international organisé par le centre des études et de recherches sur la migration internationale et le développement durable (CERMID) qui s’est tenu les 09 et 10 juillet au centre Links de la faculté Hassan II des sciences juridiques, économiques et sociales.
En effet ajoute le professeur à l’université de Madrid, » les migrations des familles entières tout au long de l’histoire a occasionné la migration simultanée de nombreux enfants. Certains enfants accompagnent leurs parents dans le périple, d’autres migrent seuls. Ce dernier phénomène tend à prendre de l’ampleur depuis quelques années, phénomène désigné par l’expression mineurs non accompagnés ou mineurs séparés ». Le conférencier estime que la genèse de ce phénomène remonte à 1979 « au transit des mineurs non accompagnés Cambodgiens dans les pays voisins fuyant la guerre, avant de partir pour les pays susceptibles de les accueillir ». D’après M. Erguren, « ces enfants mineurs Cambodgiens se faisaient passer pour des enfants orphelins dans l’espoir d’être adoptés ou tout simplement accueilli par des familles occidentales ». Il ajoute que « les familles des ces mineurs, de leurs cotés, sont au courant de la stratégie de ces enfants près à tout pour joindre l’Eldorado que représente pour eux l’occident quand ils les encourageaient pas ». M. Erguren renchéri « les familles préfèraient laisser partir leurs enfants dans l’espoir qu’ils aient un avenir dans leurs pays d’accueil ».
La migration des enfants mineurs s’est développée dans les années 1990 « vu les possibilités offertes par l’union européenne à travers son arsenal juridique qui protège ces enfants mineurs non accompagnés » précise le professeur Joaquin Erguren. Toujours selon M.Erguren, « la problématique principale que rencontrent les chercheurs dans leurs travaux pour comprendre ce phénomène est le manque de statistiques fiables. On assiste à l’accroissement du nombre d’enfants mineurs non accompagnés ces dernières années en plus de tous ceux qui ne sont pas recensés. »
L’Espagne, l’Italie et le Royaume Uni sont les destinations préférées des mineurs non accompagnés. Ces pays se distinguent par contre par la nature de leurs intérêts aux yeux des candidats à l’immigration. Si l’Allemagne est prisée par les réfugiés politiques, l’Italie et l’Espagne sont plutôt les destinations chères aux émigrants économiques. Quant à la Belgique et l’hexagone, elles sont les priorités des candidats aux mariages. Les mineurs non accompagnés marocains vont majoritairement en Espagne vu la proximité géographique. M. Erguren trouve dans sa recherche que « les mineurs non accompagnés marocains sont entre 14 et 17 ans. Il y a ceux qui voyagent avec les parents puis se perdent dans la nature, ceux qui traversent le détroit en se cachant dans les voitures, camions, et bateaux ». La recherche du professeur montre aussi que ces enfants mineurs non accompagnés candidats à l’immigration sont issus majoritairement des familles difficiles et n’ont pas de projets définis. Généralement, ce sont des enfants qui habitent dans les quartiers à climats « favorisants l’immigration » ajoute t-on dans les conclusion de la recherche.
Si beaucoup de familles marocaines permettent à leurs enfants de sortir du territoire national en les considérants comme des adultes vu les lois tribales toujours en vigueur dans le Royaume. Ces mêmes familles ne mesurent pas, d’après le professeur Erguren « l’étendue du risque de perte d’identité au sein de ces enfants vu leurs vulnérabilités à ces âges là ». Le professeur préconise l’insertion de ces enfants Marocains mineurs non accompagnés en Espagne dans leurs communautés d’origines pour éviter des problèmes de leurs réinsertions à l’âge adulte.
Mme Naima BABA, chercheur à l’université Hassan II, a favorisé l’approche pluridisciplinaire dans le traitement du phénomène des enfants mineurs non accompagnés. Selon elle « il est déjà difficile de traiter cette catégorie car il s’agit bien de nos enfants ».
Au niveau national, « les associations sont réticentes quand à l’accueil des enfants mineurs non accompagnés ». Mme Baba fustige l’absence totale d’un observatoire national pour identifier, quantifier, et essayer de trouver des solutions à ce phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Comme son collègue espagnole, le jeune chercheur de l’université Hassan II de Casablanca soulève le problème de manque de statistiques fiables et donc l’obligation de se référer aux seuls registres d’entrées et de sorties du territoire de la police nationale.
Elle ajoute « si on se contente de l’approche juridique dans le traitement de ce phénomène combien important, on s’aperçoit vite des contradictions entre les droits des différents pays concernés par le phénomène ». Il y a en effet un fossé qui sépare les législations des pays émetteurs et des pays récepteurs d’enfants mineurs non accompagnés argue le jeune chercheur. Elle soulève, entre autre, l’important point d’identification de l’âge du candidat à l’immigration qui pose problème. Le conférencier estime qu’il y a urgence pour remodeler le texte 02-03 de la législation nationale pour inclure un statut des migrants mineurs. Enfin, la collaboration entre les services de police et ceux de justice dans les pays concernés par le phénomène est plus que souhaitable. Enfin, « la nécessaire révision des dispositions légales des conventions bilatérales (notamment dans le cas du Maroc et de son voisin espagnole) pour les harmoniser dans l’intérêt suprême de l’enfant.
Hors texte :
L’immigration clandestine ne se limite plus aux adultes. Elle séduit également bon nombre de mineurs. Ils étaient quelques 6300 enfants non accompagnés de toutes nationalités hébergés aux centres d’accueil d’Espagne en 2002 selon Joaquin Erguren. Ce chiffre a pris son envol pour atteindre le chiffre fatidique de 10000 en 2004. Cette « crue juvénile » selon M.Erguren est majoritairement composée de garçons. La majorité viennent de l’ex Europe de l’Est, après viennent les Africains et même Sud Américains. Les mineurs non accompagnés Marocains sont entre 14 et 17 ans. Il y a ceux qui voyagent avec les parents puis se perdent dans la nature, et ceux qui traversent le détroit en se cachant dans les voitures, camions, et bateaux. Ils sont majoritairement issus de familles difficiles, et n’ont pas de projets définis. Généralement, ces enfants candidats à l’immigration clandestine sont des garçons habitant les quartiers à climat favorisant l’immigration.
lundi 25 août 2008
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