Société/Enseignement
L’université : l’échec de la réforme
Manque de moyens financiers, centralisation, archaïsme dans le choix des programmes, les principales causes de l’hécatombe
Voilà déjà quelques années que l'université marocaine est passée au système LMD (Licence – Master - Doctorat) escamoté et non doté de moyens nécessaires : il s'agit de la mise en conformité avec les diplômes européens ; ce qui est censé faciliter la vie à des milliers d’étudiants marocains voulant étudier en Europe, qui n’auront plus à se soucier des problèmes d’équivalence et de reconnaissance de leurs diplômes. Tout se serait donc bien passé comme l'ont laissé croire les médias et les assises organisées par le ministre de l'époque.
Ce n’est pas l’avis de Zineb, diplômée d’ingénieur en Informatique venue, visiter le forum international des Masters- MBA- 3ème cycles& formation continue organisé du jeudi 3 au dimanche 6 Juillet à la foire internationale de Casablanca, dans l’espoir de trouver une formation à l’étranger qui va servir de tremplin à son diplôme Bac+4 obtenu au pays. La nouvelle lauréate de diplôme d’ingénieur en Informatique ironise quant aux moyens mis en place par le ministère de tutelle (ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de la formation professionnelle) : »par un coup de baguette magique, l'université marocaine est mise sur le rail du LMD sans dommages et heurts, et cela à budget constant de 42 milliards de Dirhams, ce qui relève d'une vraie utopie ». Le futur cadre supérieur renchérie « pourtant, à y regarder de l'intérieur, ce constat ne traduit pas la réalité, le LMD n’a rien changé, ni sur le plan des disciplines ni sur le mode de gestion; ni même sur les effectifs en ressources humaines et financières pour mener à bien et dans de bonnes conditions la réforme que le ministère a qualifié de changement dans la stabilité ».
Si les raisons de ce fiasco sont connues, il reste que les remèdes sont plus difficiles à diagnostiquer et à mettre en place. Nora, attaché de communication de l’université Mohammed V tente laborieusement d’apporter un semblant de réponse à cette question qui concerne toutes les générations à venir. La responsable de l’université Mohamed V de la capitale suggère des mesures de fond qui selon elle vont révolutionner notre système d’enseignement supérieur : « la vraie réforme de l’université marocaine passera nécessairement par son autonomie pour la mettre en conformité avec les exigences de la transition démocratique et former les compétences destinées à évoluer dans une économie de marché, la Suppression de la tutelle de l’enseignement supérieur, qui ne pourra plus interférer dans la gestion de l’université. A l’avenir, les missions du ministère consisteront à planifier à moyen terme la politique de l’enseignement supérieur et de la recherche, l’obtention des ressources financières en rapport avec les objectifs préalablement définis, et la réalisation des infrastructures, La création d’académies universitaires régionales qui constitueront l’interface entre les pouvoirs publics et les universités à l’échelon régional. Il s’agira d’une structure administrative déconcentrée émanant du ministère, mais sans pouvoir de tutelle, et enfin la révision des programmes qui sera engagée dans chaque université. Il s’agira d’abord d’adapter les enseignements à l’évolution scientifique et technique, aux nécessités de l’économie de marché et aux besoins des entreprises, l’établissement de l’enseignement des langues étrangères sans exclusive, mais avec une priorité pour les langues ayant des liens historiques, politiques et économique avec le Maroc (Arabe, Français, et le Tamazight) ».
Tous les participants au forum international des Masters& formation continue s’accordent à dire que la mobilisation est timide cette année malgré les enjeux de telles manifestations culturelles. La faillite de notre institution scolaire peut aussi être trouver dans les manques d’intervention des différents partenaires et acteurs, à savoir les élèves,parents d’élèves,étudiants, les collectivités locales et autres enseignants. La faiblesse de la mobilisation serait donc d’abord due au fait que la population marocaine n’a pas pleinement conscience des enjeux de l’éducation et qu’elle ne se sent pas toujours interpellée par les problèmes de l’école. C’est l’avis de Fouad, licencier en Lettres française de l’université Moulay Ismail de Méknes de passage à Casablanca « une grande partie de la population marocaine ne reconnaît pas, pour des raisons diverses surtout liés à l’analphabétisme, tous les impactes positifs attendus de l’éducation en termes de développement sur les plans humain, économique et social. Il ajoute « inversement, ces populations ne reconnaissent non plus les dangers liés à la persistance de déficits graves en termes d’éducation ». Mohcine, un ami de Fouad lui emboîte le pas en citant un adage bien connu « si l’éducation semble chère pour nos compatriotes, qu’ils essayent l’ignorance ». Il semble que l’idée selon laquelle l’éducation n’est pas un « plus », mais le déterminant majeur de l’avenir du pays dans son ensemble, un droit permettant à chacun de jouir de toutes ses capacités et d’améliorer ses conditions de vie, ne s’est pas encore durablement installée. L’alternative selon Nora, notre diplômée en Informatique, est à trouver dans les offres d’éducation alternatives, « aux modèles reconnus, privant de ce fait l’école publique de leur appui ».
Hors Texte :
Enseignement supérieur et recherche scientifique
Une abondance « trompeuse » de ressources
Bien qu’il soit évalué à 42 Milliards de Dirhams l’année de la réforme (2003) ce qui représente environ 7 % du PIB, le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique semble encore insuffisant devant les objectifs affichés. En effet, la recherche de la qualité et de la conduite de la réforme en générale, implique des investissements conséquents sur tous les plans.
Le taux « constant » de financement cité plus haut (environ 7 % du PIB) est observé dans les pays où le système éducatif a déjà connu des réformes profondes et atteint un niveau de développement assez avancé. Or, le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique au Maroc est pour sa part simultanément en pleine expansion et en réparation. Il requiert donc plus de moyens.
L’essentiel de l’effort de financement direct du secteur de l’enseignement supérieur reste supporté par l’Etat, alors que la contribution des partenaires tels que les collectivités locales ou le secteur privé, reste limitée. Alors pour quand la prise de consciences ?
lundi 25 août 2008
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